Béatrice de Reynal, nutritionniste, fondatrice de Nutrimarketing
«Un changement de cap radical qui est soit courageux, soit suicidaire»
«Fleury Michon a beaucoup travaillé sur la fraîcheur et comme les Français nourrissent beaucoup de suspicions vis-à-vis des industriels, le groupe lutte en apportant une naturalité et une réassurance par rapport à la santé. Mais ce positionnement sur la santé est presque baroque, c'est un changement de cap radical qui représente une grande prise de risque. Aujourd'hui, l'allégation santé n'est pas une allégation nutritionnelle pour les Français mais une allégation de qualité, de terroir. Avoir un coach minceur peut donc paraître un peu obsolète, même si le produit minceur est tendance.
C'est difficile de faire ce qu'ils font, c'est soit courageux soit suicidaire, car il n'est pas évident du point de vue consommateur de savoir pourquoi ils ont fait ça. Là où ils peuvent tirer leur épingle du jeu, c'est sur le service et la livraison, car les consommateurs ne savent pas faire des plats légers.»
Xavier Terlet, président du cabinet XTC World Innovation
«Fleury Michon a eu l'intelligence de se positionner sur le plaisir»
«D'aucuns comparent le coaching à ce que fait Weight Watchers mais nous sommes sur des territoires différents. Fleury Michon joue sur le plaisir de consommer, nous ne sommes pas dans un discours moralisateur qui avait cours dans les années 1990-2000 avec des hommes en blouse blanche. Ici, la figure mise en avant est celle de Joël Robuchon. C'est un coaching pour garder le plaisir de consommer.
Pendant des années, les industriels se sont trompés de métier en faisant croire que la santé était vitale pour le consommateur, or ce n'est pas vrai. Les alicaments ne sont qu'une fumisterie. Si les consommateurs veulent se soigner, ils vont en pharmacie, ou au rayon diététique, ailleurs c'est le plaisir qui doit primer et c'est ce qui est intelligent dans la démarche de Fleury Michon, car ils l'ont bien compris. L'erreur serait d'avoir un discours trop radical et trop moralisateur. Je suis curieux de voir le résultat, j'ai envie d'y croire.
L'autre point malin, c'est le contrat direct qu'ils passent avec le consommateur. Les modèles économiques des industriels et des distributeurs sont amenés à changer face à l'autoproduction et au désir des consommateurs de trouver des solutions alternatives. Voir une marque comme ça s'affranchir des circuits traditionnels est intéressant.»
