Transports
Le fournisseur de trottinettes en libre-service Lime focalise toute son attention sur Paris – l'un de ses plus gros marchés – qui ne retiendra que trois opérateurs en juin 2020. Joe Kraus, le président de la société, est revenu dans la capitale en pleine campagne municipale.

Lime se plie en quatre. En plein appel d'offres de la mairie de Paris sur les trottinettes électriques, qui ne retiendra que trois opérateurs à partir du 1er juin 2020, les acteurs de la micromobilité multiplient les tractations. C'est la raison pour laquelle son président, Joe Kraus, est venu en personne y présenter son dernier modèle de trottinette, à peine deux mois après sa dernière visite en novembre 2019, à l’occasion d’une conférence sur la mobilité et l’écologie.

«Paris est la première ville mondiale en termes de business, dans laquelle nous avons investi 60 millions d’euros depuis notre arrivée en juin 2018», rappelle Joe Kraus. L’air décontracté au moment des interviews et des prises de parole, cet ancien directeur de la gestion des produits et associé chez Google a présenté le dernier modèle de trottinettes électriques en autopartage, mardi 21 janvier à Station F, dans le cadre d’un nouveau partenariat avec l’incubateur de start-up parisien. Étaient présents Arthur-Louis Jacquier, directeur général de Lime Paris et Roxanne Varza, directrice de Station F.

Les nouvelles trottinettes seront équipées de batteries amovibles. Le bénéfice : plus besoin de déplacer les engins en entier pour aller les recharger, les batteries suffisent. À la clé, moins de camionnettes circulant dans Paris pour les transporter et en principe, moins de pollution... Un argument qui ne manquera pas de faire mouche auprès d'Anne Hidalgo qui a relevé d'un cran son exigence écologique dans le cadre de sa campagne pour la mairie de Paris. Si Lime vante déjà une baisse de l'impact environnemental, il n'avance pas de chiffres prévisionnels. 

 

Paris en ligne de mire

Pour ce lancement, Joe Kraus a choisi Paris, qui embauche 300 salariés en CDI. Ce choix n'est pas anodin pour le dirigeant de la société dont le modèle est décrié dans la capitale. Rappelez-vous, Lime avait déjà tenté d'apaiser les tensions à travers une campagne d’affichage réalisée par l'agence Buzzman

«On essaie de mettre en avant notre fiabilité opérationnelle, donc la manière dont on déploie les trottinettes, mais aussi notre fiabilité environnementale ; la durée de vie, le recyclage des produits et enfin l’aspect innovation, pour montrer qu’on est toujours capable de créer de nouvelles trottinettes», souligne de manière confiante le président de la société. Après s’être déjà pliée aux demandes de la mairie, à savoir une réduction de la vitesse et des engins, la firme va encore plus loin dans sa démarche, pour séduire la capitale qui représente l'un de ses plus gros marchés avec 20 millions de kilomètres et 32 000 trajets quotidiens. Une preuve de détermination de Joe Kraus : «Nous avons lancé un appel d’offres à travers lequel nous demandons à toutes les start-up de Station F de candidater, pour nous aider à améliorer notre modèle de trottinettes et tendre vers plus de sécurité.» Une initiative qui veut là aussi répondre aux exigences de la mairie de Paris, qui sera attentive à la responsabilité environnementale, la sécurité des usagers et la gestion et maintenance et recharge du parc de trottinettes.

 

Rentable avant Uber et Lyft

L'enjeu de ne pas perdre Paris est d'autant plus important que côté financier, Lime souffre. Pour espérer atteindre l'équilibre en 2020, Lime s’est restructurée en licenciant une centaine de salariés et s’est retirée de douze villes, principalement aux États-Unis. D’après The Information, sa perte d’exploitation aurait dépassé 300 millions de dollars en 2019, pour un chiffre d’affaires brut de 420 millions de dollars. Malgré tout, Joe Kraus promet «d’être rentable avant Uber et Lyft». 

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