Entretien
L'entrepreneur en série français Marc Simoncini, qui vient de sortir un vélo connecté presque entièrement produit en France, revient sur ce choix et ce que ça lui en coûte.

Vous venez de lancer Angell, un vélo connecté, produit en France. C’était voulu dès le départ ?  

Marc Simoncini. Pendant tout le temps de développement d’Angell Bike, nous avons connu les Gilets jaunes, les grèves des transports, la pandémie avec le confinement et le déconfinement. Nous avons dû refaire autant de fois tout le business plan, car à chaque fois tout a changé, notamment le rapport au vélo et au numérique. Et aussi les modes de production. À la suite de la crise sanitaire, je fais une sorte de « pari » : cette pandémie n’est que la première, il y en aura d’autres. Le confinement en Chine a bloqué toute l’industrie et l’approvisionnement. Le modèle où l'on va chercher le fournisseur le moins cher peu importe où il se trouve sur la planète ne fonctionnera pas si des zones géographiques sont bloquées à répétition. Donc même si ça me coûte un peu plus cher, je prends le fournisseur le plus proche, et en cas de pandémie, je pourrai continuer à produire. C’est pour cela qu’on a noué un partenariat avec le français Seb. 

 

Donc ce n’est pas parce que c’est important pour le consommateur français ?  

Je vais être direct, je ne fais aucunement confiance aux Français pour acheter français. Quand c’est pour une différence de quelques centimes sur le kilo d’un fruit ou d’un légume… à la rigueur. Mais sinon, ce ne sont que des mots. J’avais créé un site pour faire des lunettes produites en France, produites moins chères que celles Made in China. Mais les consommateurs ont continué à faire appel aux lunettes chinoises. Il n’y a aucune conscience patriotique en termes de consommation. Pour produire en France, il faut des produits à forte valeur ajoutée. Les produits à faible valeur ajoutée resteront fabriqués loin.  

 

Qu’est-ce que cela a changé dans votre modèle économique ?  

Localiser en France la production nous coûte 200 euros par vélo. Et l’on n’a pas augmenté nos prix de 200 euros pour autant… Si j’avais eu la certitude que les Français auraient acheté le vélo avec ce choix de production, je l’aurais fait.

 

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