Management
Une start-up américaine, Basecamp, a vu plus d’un tiers de ses employés démissionner après avoir interdit les «discussions politiques» - entre autres décisions - au sein de l’entreprise, considérées comme «source de distraction» contre-productive.

Une vingtaine d'employés d'une start-up américaine, sur 57 salariés en tout, ont annoncé leur démission sur Twitter vendredi après que leur entreprise a décidé de bannir les «conversations politiques» sur le lieu de travail. Jason Fried, le patron et cofondateur de Basecamp, avait publié lundi un article de blog expliquant six nouvelles règles adoptées par l'entreprise, notamment l'interdiction des «discussions sociétales et politiques sur le compte de Basecamp», la fin des «avantages sociaux paternalistes» (des sommes allouées pour le sport, le bien-être, la formation en continu...) et le refus de «s'attarder ou s'appesantir sur les décisions passées». «Etant donnés les récents changements à Basecamp, j'ai décidé de quitter mon poste de directeur du design», a tweeté Jonas Downey, qui travaillait pour la petite société informatique depuis 2011. Nombre de ses collègues ont posté des messages similaires, recensés par John Breen, un développeur qui travaille pour un autre groupe, d'après son site web.

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Pour justifier la décision sur les conversations politiques, Jason Friedassure qu'elles sont devenues «une distraction majeure» dans le contexte actuel. «Les sensibilités sont au maximum, et toutes les discussions liées de près ou de loin à la politique, au militantisme ou à la société en général tournent rapidement au vinaigre. Vous ne devriez pas avoir à vous demander si rester en dehors fait de vous un complice, ou si vous y aventurer vous transforme en cible», détaille-t-il. Des débats très polarisés animent les Etats Unis depuis des mois, du mouvement Black Lives Matter («les vies noires comptent») à l'élection présidentielle de novembre dernier et aux droits des personnes transgenres. «Nous fabriquons des logiciels de management de projet et de communication d'équipe. (...) Nous n'avons pas à résoudre des problèmes sociaux profonds», ajoute M. Fried. Les chèques sociaux sont remplacés par l'équivalent en liquide, pour que chacun les dépense «comme bon lui semble». «Certains employés sont soulagés, d'autres sont furieux, et cela résume bien le débat public autour de tout ça», a écrit mercredi David Hansson, le responsable des technologies et cofondateur de Basecamp, dans un autre article de blog qui invite à aller de l'avant. «J'ai démissionné de mon poste de directrice du service clients chez Basecamp. Je suis enceinte de quatre mois, donc je vais prendre du temps pour ce bébé à venir», a tweeté Kristin Aardsma vendredi. «Les personnes de mon équipe faisaient partie des gens les plus formidables avec qui j'ai jamais travaillé. Ils me manquent». 

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