Spécial Régions
Le collectif bordelais de business angels accompagne financièrement des entrepreneurs de la région Aquitaine. Une catégorie où l’on compte peu de cheffes d’entreprise. Finaqui aussi manque cruellement de femmes dans son effectif…

Janvier 2021. Le COVID fait des ravages et les organisations sont mises à rude épreuve. C’est le cas notamment de Finaqui*, les business angels de Nouvelle-Aquitaine, qui a collecté plus de trois millions d’euros pour l’investissement dans une trentaine de sociétés depuis sa création. En ce début d’année, l’arrivée de Guillaume-Olivier Doré, 50 ans, multi-entrepreneur mais aussi vice-président de French Tech Bordeaux, va permettre de redonner du souffle à l’association. D’abord la collecte de fonds à destination des start-up se réinvente avec des enjeux différents : «L'objectif des prochaines années, c'est de collecter un million d'euros par an pour les investir dans des sociétés à impact social et environnemental», déclare le président qui promet aussi des changements majeurs au niveau de la diversité et de la féminisation des lauréats : «On est dans une société qui n'a jamais favorisé l'émergence de cheffes d'entreprises. Elles sont malheureusement trop peu nombreuses.» Un avis partagé par le vice-président, Laurent Galinier, entrepreneur dans le secteur du commerce d’optique : «Il y a beaucoup d’entrepreneuses qui exercent et qui parce qu’elles sont des femmes sont mises de côté. Alors qu’elles apportent énormément à l’entreprise.»

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Déjà très impliqué dans les réseaux de la finance et de la technologie, Guillaume-Olivier Doré a mobilisé l’ensemble de ses contacts afin de permettre à l’association d'accueillir de nouvelles recrues : «La mobilisation des réseaux est le point d'orgue de la féminisation de la tech et de la finance.» Depuis qu’il a repris la présidence, deux tiers des nouveaux adhérents sont des femmes dont trente sont cheffes d’entreprises : «3,5% des projets pour lesquels Finaqui aide au financement sont dirigés par des femmes. C'est peu, mais ça s'améliore avec le temps.» Le nouveau bureau accueille donc de nouveaux visages tous genres, âges et milieux confondus.

Laure Bokobza, 48 ans, dirige une petite société bordelaise, LBK Consulting, qui accompagne des dirigeants sur la gestion de leur entreprise. Il y a quelques mois, elle reçoit un appel de Guillaume-Olivier Doré, qui lui fait part de son projet de féminiser le monde de la tech. Également impliquée dans des associations autour de l’inclusion numérique, son profil était le bienvenu: «Il a été très cash, il m'a dit qu'il y avait très peu de femmes dans Finaqui et qu'il en sollicitait autour de lui.» Passée par de grandes entreprises, Laure Bokobza a conscience des discriminations sexistes au travail: «Il n’y a pas une seule fois lors de réunions du comité exécutif, où on ne m’a pas dit "oh mais tu t’énerves, arrêtes de t’exciter". Un homme qui s'énerve, on ne va jamais lui dire ça.» Dans son activité d’accompagnatrice des dirigeants, hommes et femmes, il lui arrive d’aider certaines qui n’osent pas mettre en avant leur part de féminité au travail de peur de reproches sexistes: «Je ne ressens pas d’amélioration», soupire celle qui va aussi changer les choses chez Finaqui.



 



* L’association Finaqui compte 128 membres et fédère 150 investisseurs privés. Ce qui fait de la région Nouvelle-Aquitaine l’une des plus dynamiques en termes de réseaux de financement

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