Au terme d'âpres négociations, Renault et Nissan ont confirmé le « rééquilibrage » de leurs participations croisées après des années de conflit au sein de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. 

Renault et Nissan ont confirmé lundi 6 février le « rééquilibrage » de leurs participations croisées après des années de conflit au sein de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, née il y a 24 ans, avant une conférence de presse de leurs dirigeants programmée à Londres. Alors que Renault détenait 43,4% de Nissan, les deux entreprises vont conclure un nouvel accord selon lequel Nissan et Renault Group détiendront une « participation croisée de 15%, avec une obligation de conservation, ainsi qu'une obligation de plafonnement de leurs participations », selon un communiqué. Les deux constructeurs auront les mêmes droits de vote dans leurs conseils d'administration respectifs. 

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Renault, Nissan et Mitsubishi, entré dans l'Alliance en 2016, ont négocié pendant de longs mois les détails de cet accord, approuvé dimanche par le conseil d'administration de Renault, et lundi matin par celui de Nissan, a indiqué l'Alliance. Renault, Nissan et Mitsubishi collaborent déjà sur de nombreux véhicules, avec des économies à la clé, pour un total de près de 375 000 salariés. Des voitures Renault et Nissan partagent des mêmes moteurs, la future petite Nissan Micra sera basée sur la même plateforme que la nouvelle Renault 5 et des Renault sont vendues sous badge Mitsubishi. 

Avec ce nouvel accord, ils ont également annoncé plusieurs nouvelles initiatives industrielles, notamment en Inde et en Amérique latine. Le groupe français ne va toutefois pas vendre immédiatement le reste de ses actions Nissan (28,4%), car leur valeur de marché est très inférieure à leur valeur actuellement inscrite dans ses comptes. Renault continuera d'en toucher les dividendes. Quand le contexte sera « commercialement raisonnable », ces actions pourront être revendues au profit de Renault, précise l'Alliance. Nissan pourra faire la première offre. 

Le rééquilibrage de la relation Renault-Nissan est globalement vu d'un bon œil au Japon mais aussi en France. Pour preuve, le ministre français du Commerce extérieur Olivier Becht a défendu cet accord, qui ne constitue pas selon lui un divorce. « Je vois ça comme un nouveau départ, comme un départ prometteur sur une base industrielle renouvelée », avait-il déclaré lors d'une visite à Tokyo le 1er février. Le mariage de Renault et Nissan remonte à 1999, à une époque où le constructeur japonais connaissait de grandes difficultés financières. Renault prend alors 36,8% du constructeur nippon, et envoie son numéro deux Carlos Ghosn redresser Nissan. Les résultats du constructeur japonais s'améliorent rapidement après une restructuration drastique. 

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En 2015, l'augmentation surprise de la participation de l'État français au capital de Renault, pour asseoir ses droits de vote, met en colère Nissan qui redoute une fusion. En 2016, l'alliance s'élargit au japonais Mitsubishi Motors, dont Nissan prend 34%. Les trois alliés deviennent en 2017 le premier producteur automobile mondial, avec plus de 10 millions de véhicules vendus. Les tensions culminent avec la chute spectaculaire de Carlos Ghosn, devenu patron de l'Alliance, et arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières. Il fuit un an plus tard au Liban alors qu'il était en liberté sous caution au Japon dans l'attente de son procès. Avec le recul de leurs ventes, lié au marché mais aussi à des changements de stratégie, les trois constructeurs occupent désormais à la quatrième place mondiale, loin derrière Toyota et Volkswagen, et doublés par Hyundai-Kia. 

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