Après avoir relevé la pression publicitaire des opérateurs avant la Coupe du monde au Qatar, l'Autorité nationale des jeux (ANJ) souhaite réguler les liens entre sponsoring sportif et jeux d'argent.

L'Autorité nationale des jeux (ANJ) a émis mercredi des lignes directrices et des recommandations visant à encadrer le partenariat sportif des opérateurs de jeux d'argent légaux afin dit-elle, de prévenir le jeu excessif ou pathologique, de protéger les mineurs et de lutter contre les opérateurs illégaux. Celles-ci pourront «être prolongées par des propositions de modifications législatives et réglementaires», dit le gendarme des jeux en ligne, qui tirera un bilan de la mise en oeuvre de ces lignes directrices et recommandations au premier trimestre 2024, précise-t-il dans un communiqué.

Plusieurs pays européens tels que l'Espagne, l'Italie et la Suisse - et bientôt la Belgique et les Pays-Bas -, ont interdit les partenariats sportifs avec des opérateurs de jeux d'argent, tandis que le Royaume-Uni envisage de les limiter. Afin de protéger les mineurs, l'ANJ recommande de ne pas apposer la marque d'un opérateur de jeux d'argent et de hasard sur les maillots de taille enfant (moins de 18 ans) et d'insérer un pictogramme «interdit aux moins de 18 ans» sur les supports de communication des opérateurs le long des terrains.

D'ores et déjà, souligne l'ANJ dans ses lignes directrices qui donnent sa lecture de la réglementation en vigueur, associer un sportif appartenant à l'univers des mineurs à la communication commerciale d'un opérateur de jeu d'argent est interdit sous certaines conditions. En outre, la vente et la distribution gratuite de produits dérivés (peluches, jouets, figurines...) comportant la marque d'un opérateur n'est pas autorisée, pas plus que la participation de mineurs à des animations commerciales dans le cadre d'un partenariat avec un opérateur de jeu d'argent et de hasard.

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Pour prévenir le jeu excessif, l'Autorité recommande aux organisations sportives de ne pas mettre, sur leurs sites internet, applications et plateformes, de lien de redirection -parier- ni d'y faire apparaître des cotes, des offres de gratifications commerciales ou des annonces promotionnelles pour les opérateurs de jeux d'argent. Quant aux marques de ces opérateurs, elles ne doivent apparaître que de manière limitée dans et autour des enceintes sportives. Déjà les publicités mettant en scène des sportifs, des «arbitres et d'autres acteurs des compétitions en situation de parier sur leur sport» est interdite, et les sportifs ne peuvent ni «livrer des pronostics sur le résultat d'une compétition ni promouvoir les cotes sur un match» de leur discipline.

Enfin le gendarme des jeux en ligne recommande aux organisateurs d'événements sportifs, ligues, fédérations, clubs, équipes et sportifs de s'assurer au préalable auprès de lui que «les opérateurs non agréés en France avec lesquels ils souhaitent signer des contrats à destination d'autres pays, ne figurent pas sur la liste des opérateurs dont le site a été bloqué par l'ANJ». A l'heure actuelle, ils ne peuvent signer des contrats de partenariat avec des opérateurs de jeux d'argent présents illégalement en France. Selon l'ANJ, les partenariats sportifs des opérateurs de jeux d'argent légaux ne représentent encore que 40,7 millions d'euros prévus en 2023, soit moins de 2% du montant total des contrats de partenariats du sport par le secteur privé en France, proche de 2,5 milliards d'euros par an.