Et si j'étais Président

Et si vous étiez le nouveau président de la République ? Fabien Versavau, président et CEO de Rakuten France, est le sixième invité de la nouvelle saison d’Et si j’étais Président, une série réalisée par Majda Chaplain, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies.

Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ? 

Mon premier axe serait la réconciliation du peuple français, avec l’idée de progrès, et avec la passion ou l’intérêt pour la technologie. On a vu récemment, avec la crise sanitaire ou l’arrivée de la 5G, éclater des débats qui illustrent une forme de défiance de certains envers la science. Or, cette irrationalité autour de ce que je résume sous le vocable «progrès ou sciences» est complètement contraire à notre histoire, à notre culture. Donc, si j’étais Président, j’essaierais de travailler à inverser cette tendance et à essayer de réconcilier les Français avec la tradition des Lumières et la rationalité.

Mon second axe serait de prouver que la transformation de notre économie vers des modalités plus responsables signifie non pas un retour en arrière ou un renoncement, mais va permettre, au contraire, d’apporter du mieux. Du mieux-être, du mieux-vivre, du mieux-consommer, et non pas du moins. Nous n’aurions heureusement pas à choisir entre la sauvegarde de la planète et notre mode de vie. Ce serait le refus de ce renoncement. Tous les discours sur la décroissance constituent juste une défaite de l’imagination, et encore une fois cela rejoint le premier sujet : la défaite de l’imagination, c’est finalement le renoncement au génie humain, et au fait que sa capacité d’invention est sans limite. Si j’étais président, je ferais tout pour insuffler, ou redonner tout son plein écho et sa pleine résonnance, à ces valeurs.

Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?

C’est un vaste sujet pour nous, qui sommes une entreprise internationale, avec près de 70 nationalités et un tropisme japonais très fort. Très vite, j’ai eu une proximité forte avec Hiroshi Mikitani, le fondateur de Rakuten, car nous partageons cette vision selon laquelle les entreprises ont forcément un rôle clé à jouer dans les transformations auxquelles fait face la société. Au Japon, les entreprises ont la responsabilité d’avoir un impact positif pour la société, et c’est cette responsabilité sociétale qu’il faudrait renforcer en France pour pouvoir formuler des réponses aux défis et aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.

Le rôle sociétal d’une entreprise, c’est d’innover au travers du progrès, de la technologie, des décisions managériales et que tout cela résonne de manière positive sur l’ensemble de l’écosystème. Il faut donc trouver cet équilibre entre des innovations majeures qui permettent à une économie et à un pays de se transformer, mais sans créer de cassure. Je pense qu’il faut valoriser cette innovation inclusive et lui redonner plus de sens et d’impact au détriment de la disruption sur laquelle on s’est beaucoup appuyé pour stimuler l’innovation ces dix dernières années. Montrer que l’innovation ou la technologie sont un moyen de repousser ses propres frontières et de créer de la valeur, et pas pour se substituer ou ringardiser un écosystème déjà en place.

Et c’est cela qui, pour moi, peut faire que l’on réussisse à raccrocher sociétalement une société qui doute, qui s’interroge, sur les risques liés aux réseaux, à l’intelligence artificielle, à la data, à la blockchain..., à toutes ces innovations qui font peur et qui parfois sont présentées comme des menaces parce qu’elles sont employées pour créer de la disruption, de la cassure, plutôt que pour diffuser du progrès. Et pas seulement du progrès économique ou capitalistique, mais aussi du progrès social.

Pourquoi faut-il voter pour vous ?

Parce que je serais avant tout le président de l’optimisme. La traduction la plus proche en français du mot japonais «Rakuten», c’est «optimisme». Cette valeur a manqué à la France à certains moments de son histoire, y compris lors d’une période récente. Or, cela fait partie de mes valeurs, de ce qui m’anime au quotidien, et qui est un carburant essentiel, je pense, à la vie. Être persuadé qu’il y a toujours des solutions, que l’esprit humain n’a pas de limite, et que l’innovation, la science, le progrès, la communauté des gens qui travaillent, qui s’engagent qui créent, qui inventent, permet de dépasser tous les problèmes. C’est une forme d’esprit entrepreneurial comme on dirait aujourd’hui. Mais pour moi, l’optimisme est une valeur cardinale à la réussite de sa vie, autant personnelle que professionnelle.

Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier ministre ?

Il s’agirait de Michèle Obama. Pourquoi ? Parce qu’à mes yeux, elle incarne la force motrice d’un esprit positif. C’est une femme qui m’inspire par sa détermination à être à la fois l’inventrice et l’actrice de la construction de sa vie, à repousser ses limites et à toujours croire en l’avenir. C’est une dynamique essentielle à notre pays, une énergie qu’il faut que nous parvenions à transmettre aux plus jeunes générations, qui feront le monde de demain.

Retrouvez l'interview en intégralité sur le site de MC Factory.

Les épisodes précédents :

- Valérie Dassier, directrice générale adjointe de IKKS Groupe, en charge de l’offre, du marketing et du digital

- Nathalie Rozborski, directrice marque et RSE de Maisons du Monde

- Arnaud Leroux, directeur marketing de Asics

- Omer Waysman, global e-commerce & business development director chez Danone

- Lisa Nakam, directrice associée de Jonak

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