Fiscalité

L'industrie française du jeu vidéo, devenue la première industrie culturelle du pays, va bénéficier d’une réforme de son crédit d'impôt afin de rendre davantage de productions éligibles.

L'industrie française du jeu vidéo va obtenir une réforme de son crédit d'impôt, qui va notamment rendre davantage de productions éligibles, a-t-on appris jeudi 24 février auprès du gouvernement et des syndicats du secteur. Présent à l'ouverture d'un événement organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell) et du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O, a annoncé un accord pour «moderniser» le barème de ce crédit d'impôt jeu vidéo (CIJV).

«Priorité industrielle»

Selon son cabinet, interrogé par l'AFP, le nouveau barème sera «plus lisible, plus inclusif et plus adapté à l'industrie», et notamment au segment des jeux mobiles qui compte plusieurs champions français, dont la jeune licorne (entreprise non cotée valorisée plus d'un milliard de dollars) Voodoo. Alors que le barème favorise aujourd'hui la dimension narrative des œuvres, la réforme «renforcera l'effet innovation» et la dimension technologique du jeu vidéo. «Cela va permettre d'accompagner plus de projets, et notamment des projets qui se développent très vite», ajoute le cabinet, citant les «pépites Madbox et Homa Games». La réforme doit être notifiée à la Commission européenne «dans les jours ou semaines qui viennent», puis elle pourra faire l'objet d'un décret, une fois l'accord obtenu.

Depuis début 2008, les entreprises du secteur bénéficient d'un crédit d'impôt, dont le taux s'élève à 30% des dépenses éligibles, dans la limite de 6 millions d'euros par exercice. En 2020, ce sont «plus de 200 millions d'euros» de dépenses de production qui ont pu être réalisées sur le territoire français grâce à ce dispositif, selon le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), qui consacre également son propre fonds d'aide aux créateurs de jeux vidéo. Les principaux syndicats du jeu vidéo ont plaidé mercredi pour que la France, troisième en Europe en termes de chiffre d'affaires, devienne «leader» européen du secteur d'ici à cinq ans, demandant aux pouvoirs publics d'en faire une «priorité industrielle».

Concurrence européenne

À quelques semaines de l'élection présidentielle, la filière, rattachée à la fois au ministère de la Culture et au ministère de l'Economie, demande un positionnement plus marqué dans le giron de Bercy, à travers notamment la création d'un ministère du Numérique «de plein exercice». Avec 5,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020 (+11,3% en un an), le jeu vidéo est la première industrie créative et culturelle en France loin devant le cinéma ou la musique, selon une étude du Sell. Malgré des champions de taille mondiale comme Ubisoft et l'explosion (+92%) du nombre d'emplois en 10 ans, la France reste devancée en Europe par le Royaume-Uni et l'Allemagne. Selon le secrétariat d'Etat au numérique, le gouvernement envisage dans un second temps une «restructuration du CIJV pour le rendre plus compétitif» face à la concurrence des autres pays européens. Mais cette évolution sera du ressort du prochain exécutif.

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