Presse
Le quotidien repart à la conquête des lecteurs, particulièrement les jeunes, avec une nouvelle formule et le passage au «web to print». Décryptage.

Un journal plus impactant, de vrais partis pris éditoriaux et graphiques, un cycle de production inversé qui donne la priorité au web: Libération s'est réinventé avec une nouvelle formule, le 1er juin, qui sera suivie d'un site refondu autour de l’été. Objectif: relancer la machine Libé, gravement secouée par une crise il y a tout juste un an, avant l'arrivée de Patrick Drahi dans son capital. Malgré la réduction d'un tiers des effectifs de la rédaction, le titre doit encore stopper l’érosion de sa diffusion (-21,5% en deux ans, à 93781 ex. payés en France en 2014, selon l'OJD) afin de retrouver une rentabilité.

Cibler les 25-49 ans

«L’enjeu de cette formule est de permettre à Libération de reconquérir une population plus jeune, les 25-49 ans, ainsi que les CSP+», souligne Isabelle Vignon, ‎directrice des études médias et nouveaux médias chez Dentsu Aegis Network. Il y a urgence: le titre vieillit avec son lectorat. «En un an, il a perdu un an de moyenne d’âge, à 46,6 ans», pointe Cécile Solano, directrice presse et productivité plurimédia chez Omnicom Media Group (OMG).

Autre priorité, s’adapter aux nouveaux usages de consommation de l’information, sans perdre le ton caractéristique de Libé. D’où le passage au «web to print». Les 135 journalistes travaillent désormais aussi bien pour le quotidien, le web ou le magazine Next, dans une logique de reverse publishing, avec la reprise sur papier de contenus produits pour internet. S’ajoutent à cela de grandes enquêtes publiées sur deux pages ou plus, qui font la part belle à la typographie et à l’image dans un souci de mise en scène. «Le nouveau quotidien propose presque le traitement d'un hebdo», estime Flore Toutain, responsable du pôle presse chez OMG.

Grands récits

«Pour maintenir la qualité du journal avec moins de journalistes, nous devons faire de vrais choix et donc arrêter les articles de taille moyenne pour nous concentrer sur les contenus courts et les grands récits. Cette nouvelle formule sanctionne notre nouvelle organisation et notre philosophie, qui mettent internet au cœur de nos systèmes de production», résume Johan Hufnagel, directeur délégué chargé des éditions à Libération.

Autre particularité, l’abandon de la une-affiche. «C’est une prise de risque par rapport aux lecteurs traditionnels, mais le fait d’avoir deux ou trois accroches en une permet d’attirer de nouveaux lecteurs», estime Valérie Rudler, directrice générale adjointe de Vivaki Exchange. En mars, Libé se stabilise à 97150 exemplaires (-1,5% sur un an).

Reste que, pour Isabelle Vignon, le titre doit aller plus loin: «Pour reconquérir les cibles CSP+ et surtout les jeunes, il faut pousser l’exercice en donnant davantage la parole aux gens.» Libération doit en outre libérer l'expression…

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