Audiovisuel
L'industriel, qui a pris les manettes du groupe Canal+, remanie profondément l'organigramme et les tranches en clair de Canal+ afin de faire de l'abonnement la priorité absolue de la chaîne.

«Qui ça?» Du côté de Vivendi, on n'a pas vraiment en tête le nom de Roger Coste, qui a été débarqué de la direction de Canal+ Régie, mais l'on sait pourquoi il a été remplacé par son adjointe Francine Mayer: les écrans de publicité ne sont pas une priorité pour la chaîne cryptée. «La partie claire de Canal+ devra être réduite et donner à ceux qui la regardent l'envie, le désir de s'abonner. [Elle] devra être développée sur nos chaînes gratuites», écrit Vincent Bolloré dans une lettre à ses salariés. Ainsi, la régie disposera de moins d'audience sur Canal+, l'effort publicitaire devant se porter sur les chaînes rebaptisées C8, C17 et CNews. De son côté, la chaîne mère devra mettre «l'abonné au cœur de [ses] préoccupations», faire exister les recettes de diversification et limiter les productions externalisées: «Je suis choqué par le recours excessif à la sous-traitance alors qu'il existe des moyens internes», écrit le nouveau président du Conseil de surveillance du groupe Canal+ qui, avec 14,5% de Vivendi, vient de nommer ses proches à la tête du directoire, du sport et de l'information, avec les nominations de Jean-Christophe Thiery, Thierry Cheleman et Guillaume Zeller, venus de Bolloré Médias.

En famille

Le Grand Journal, remanié et policé avec Maïtena Biraben, est l'illustration de la nouvelle politique du clair. Au lieu de rapporter 122 000 euros par émission à la société de production de Renaud Le Van Kim, le talk show est désormais produit par Flab Prod, récemment rachetée par Vivendi. La première, le 7 septembre, avec Manuel Valls n'a réuni que 5,1% de l'audience, soit moins que Le Petit Journal (6,2%) et qu'Antoine de Caunes pour son retour en 2013 (6,4%). Mais l'on reste en famille. «On a décidé de réintégrer plusieurs sociétés de production», confie un proche de l'industriel. Un sens familial que Vincent Bolloré veut d'ailleurs étendre à tous les actifs de Vivendi: Universal, dont le groupe Canal+ est invité à utiliser les droits musicaux, Studio Canal pour son catalogue de films, le ticketing et les salles de spectacles de Vivendi Villages et surtout Dailymotion, la plateforme qui diffusera - avec la tranche cryptée - la nouvelle version des Guignols. «Attention à ne pas rompre le lien affectif avec les abonnés», observe Pascal Rogard, directeur général de la SACD. Signe de cette imbrication, toutes les équipes fonctionnelles de Vivendi (secrétariat général, DRH, audit, services généraux) sont aujourd'hui opérantes à Canal+.

«Grâce au développement de l'OTT, les programmes élaborés par Canal peuvent être regardés instantanément dans tous les pays du monde», observe Vincent Bolloré dans sa lettre. D'où sa volonté de s'appuyer sur Dailymotion - 1,5 milliard de vues par mois - pour se tourner vers le mobile et internationaliser davantage Canal+, notamment en langue anglaise et espagnole en s'appuyant sur les partenaires Telefonica ou Telecom Italia (que Vivendi possède à 14,9%). Canalplay, la structure de SVOD,  affiche 700 000 abonnés en France, ce qui la met à portée d'un Netflix en France (750 000 abonnés). Pour développer ces nouveaux contenus, Simon Gillham, directeur de la communication de Vivendi, a pour charge la recherche des talents et Dominique Delport, PDG d'Havas Media, la direction de Vivendi Contents.

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