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Ancien directeur de l'information de M6, Rémy Dessarts veut s'inspirer de ce qu'il a appris à la télévision pour réussir la relance du quotidien.

Les histoires d'amour finissent mal, en général. Pour France-Soir, les aventures sans lendemain se sont accumulées ces dernières années. Depuis la reprise du titre par Alexandre Pougatchev, fils de l'oligarque russe Sergueï Pougatchev, la ligne éditoriale de France-Soir n'a pas trouvé la martingale, souvent chahutée par une instabilité à la direction de la rédaction.

Avec Gilles Bornais, un ancien du Parisien, l'histoire tourne court lorsque le directeur de la rédaction est mis à pied en avril 2009, dans un climat de défiance, trois mois à peine après son arrivée. Pour lui succéder, Alexandre Pougatchev fait alors appel à Gilles de Prévaux. Mais à 65 ans, le fondateur de Télé -Loisirs prévient qu'il assurera ses fonctions de directeur de la rédaction de France-Soir de façon temporaire, jusqu'au lancement de la nouvelle formule prévue pour janvier 2010. Le flambeau est ensuite repris par Christian de Villeneuve. L'ancien directeur des rédactions du Parisien, puis du Journal du dimanche reste six mois, avant d'être limogé le 20 août dernier sur fond de désaccord sur la ligne éditoriale. Alexandre Pougatchev lui reproche alors de vouloir faire un «Parisien bis».

France-Soir Barbe-Bleue de la presse qui élimine ses patrons de rédaction? Le successeur de Christian de Villeneuve n'y croit pas. Rémy Dessarts, ancien rédacteur en chef de Capital, de VSD et bref directeur de la rédaction de L'Équipe, a repris les commandes dans le sillage de Christian de Villeneuve, et entend bien y rester. «La personnalité du directeur de la rédaction a une influence déterminante sur ce genre de projet, et je pense que le tâtonnement de l'actionnaire pour trouver le bon cocktail de management est normal», affirme-t-il.

«Mon histoire avec France-Soir a commencé très tôt. Cela fait plus d'un an que j'ai entamé les discussions, mais elles n'avaient pas abouti pour différentes raisons, confesse le nouveau patron de la rédaction. On m'aà nouveau proposé le poste cet été, et cette fois j'ai pensé que les conditions étaient réunies. D'autant qu'il est plus facile d'y croire maintenant qu'un travail d'importance a été fait sur le journal.»

Renforcer l'investigation

Depuis le lancement de la nouvelle formule en janvier, la diffusion France payée atteint 83 596 exemplaires en moyenne sur la période mars-juillet 2010. Si France-Soir a réussi à relancer le moteur, il faut maintenant le faire tourner à plein régime. Outre ses nombreuses expériences dans la presse, Rémy Dessarts compte sur un passage à M6, où il a dirigé l'information et les magazines. Mais, surtout, il a participé au projet de «Bild à la française» en 2007. Un passage qui a fait grincer des dents à France-Soir et même au-delà.

Une inquiétude injustifiée, selon lui. «Le brief n'a pas changé, le projet n'a pas bougé, proteste-t-il. On ne peut pas me reprocher de vouloir refaire un Bild, car ce n'est absolument pas le projet.» Pas de trash donc, mais de l'information grand public, davantage inspirée de son passage à la télévision. «À M6, je n'étais jugé que sur les audiences. Ce n'est pas normal que la presse laisse la télévision et la radio occuper le champ de l'information générale, détaille-t-il. La presse de demain doit prendre exemple sur l'info de RTL ou du journal télévisé de TF1, qui sont les véritables réussites d'info géné en France.»

La réflexion est lancée pour améliorer la formule actuelle et renforcer le service d'investigation du journal, car «les chances que les gens achètent un journal qui ne fait que résumer l'actualité de la veille est proche de zéro», explique Rémy Dessarts. Lucide.

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