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Les modèles gratuits et payants rivalisent chez les éditeurs d'information. Selon l'Association of Online Publishers, les applications payantes pour Iphone ou Ipad sont passées en un an de 12% à 40%, les gratuites de 37 à 60%.

La tablette créée par Apple peut être considérée comme un Iphone grand format, mais elle représente évidemment beaucoup plus que cela pour les médias britanniques, convaincus par le lancement réussi de l'Ipad (3,3 millions d'exemplaires vendus dans le monde lors des trois premiers mois de commercialisation). Aucun des quotidiens du pays ou presque n'avait d'application disponible pour l'Ipad au moment de son lancement, mais les perspectives florissantes du marché des tablettes, notamment avec l'émulation Android, n'ont pas tardé à convaincre les directeurs stratégiques de l'importance d'une présence sur ce créneau.

Pourtant, les risques de cannibalisation du papier sont peut-être plus importants qu'avec les versions sur ordinateur ou téléphone mobile: en créant une application Ipad, les journaux s'engagent, pour la première fois, à donner aux lecteurs la même facilité de lecture et la même «portabilité» que le titre papier. Selon Zach Leonard, directeur numérique des quotidiens The Independent et The Evening Standard (lequel vient de sortir une application gratuite), l'Ipad peut même s'avérer plus riche. «Cette tablette offre le meilleur des deux mondes. D'abord, elle est portable, ce qui est l'un des avantages du papier. Et permet de plus l'interactivité obtenue sur un ordinateur.»

Des clients habitués à payer

Reste à définir la meilleure logique de monétisation. Les stratégies sont très différentes selon les titres. Le Times, qui a opté récemment pour le mur payant sur son site Web, comme l'ensemble des journaux de la galaxie Murdoch, monnaye l'utilisation de son application 9,99 livres sterling par mois (11,24 euros). Le Financial Times propose une application gratuite sur le même modèle que l'Iphone, avec les mêmes conditions que pour son site Internet (abonnement premium pour accéder à la totalité des articles). Et vient d'indiquer que la publicité sur Ipad lui avait permis de générer 1 million de livres de gains en six mois.

Mais est surtout attendue l'application pour Ipad du Guardian, qui sera proposée d'ici à la fin de l'année à un prix sans doute supérieur à son appli Iphone. Cette dernière a fait figure de franc succès: 70 000 téléchargements dès le premier mois, pour 2,39 livres. Son ancien directeur stratégique Internet a récemment indiqué que le groupe avait fait une erreur majeure en proposant une application à un prix si modique. Dans le même temps, le Guardian insiste sur la nécessité de maintenir la gratuité de son site Internet.

Même logique pour le Daily Mail, dont le site Internet gratuit est actuellement le plus fréquenté. Le Telegraph vient aussi de lancer une application gratuite pour Ipad et travaille avec le New York Times à une version plus développée.

Application payante ou non, le débat reste d'actualité pour l'Ipad en Grande-Bretagne, même si, selon John Enser, du cabinet d'études londonien Olswang, «la norme actuelle pour les consommateurs est de ne pas payer les contenus en ligne. Toutefois, les propriétaires d'Ipad ou d'Iphone, eux, ont été habitués par Apple à mettre la main à la poche pour ce genre de service.»

Les derniers chiffres de l'Association of Online Publishers indiquent une croissance massive du nombre d'applications chez les éditeurs d'information (radio, TV, magazines, quotidiens, sites Internet) depuis un an. Selon les estimations, les applications payantes pour Iphone ou Ipad sont passées de 12% à 40%, les gratuites de 37 à 60%. La question principale est de savoir quelles formes prendront les meilleures applications pour Ipad, à la fois pour satisfaire les lecteurs et générer des revenus. L'aventure des tablettes ne fait que commencer.

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