Suite de notre série d'articles rédigés par les étudiants de mastère 2 de communication publique et politique 2.0 de l'ECS (European Communication School). Marie Gillot s'est penchée sur les stratégies numériques des prétendants. Car la grande nouveauté de cette élection présidentielle est l’impact des réseaux sociaux sur les campagnes des candidats, qui disposent tous de représentants sur le Web. Ces fervents militants relaient au mieux la voix de leur protégé et leur promettent une visibilité accrue auprès des Français.

Les petites mains des candidats s'activent depuis le début de la campagne pour faire vivre leur élu sur le Web. Derrière ces claviers en ébullition les «voix» de nos candidats à la présidentielle suivent une stratégie de communication bien établie, coordonnée avec le reste du plan de communication des candidats. Aucun d'entre eux ne se laisse aller à ses propres désirs.
Chaque tweet est pesé et relu par toute l'équipe Web de campagne. En effet les «claviers» des candidats garantissent leur image et leur parole sur Internet, et leur rôle est aujourd'hui essentiel avec l'importance du Net dans la vie quotidienne des électeurs.

Tweets bien pensés ou équipes fortifiées

Depuis le début de la campagne, on peut voir se profiler différentes stratégies sur Twitter. Les candidats représentants de partis importants, notamment l'UMP et le PS, consacrent un budget colossal à la campagne numérique. D'autres pensent qu'une seule personne suffit pour un maximum de cohérence et de connaissance des militants et internautes actifs.
Quand on se penche plus précisément sur les différents partis, chacun atteste d'une réelle stratégie digitale, pensée en amont pour maximiser leur impact sur la Toile et sur les électeurs.

François Hollande et Nicolas Sarkozy tirent leur épingle du jeu et possèdent respectivement des équipes Web de 40 personnes et 12 personnes. Les comptes de ces deux candidats ne sont pas tenus par une seule personne - et encore moins par les intéressés eux-mêmes - mais par dix mains chez François Hollande et quatre chez Nicolas Sarkozy.

Les «voix» des candidats sur Twitter sont briefées en concordance avec leur stratégie Web pour être assurées de toucher leur cible de manière optimale. Certains se démarquent par une réelle participation des internautes, de façon volontaire (inscription sur le site). L'équipe Web leur confie des missions à date et heure fixe. Faire participer la communauté est ainsi chez François Hollande une technique qui fonctionne, puisque ses messages sont régulièrement repris sur le Web et dans les médias nationaux.

Publications quotidiennes

Pour ces deux candidats en tête des sondages, on peut dire que malgré des moyens humains différents par choix ou par obligation budgétaire, la stratégie reste la même. Les «live-tweets» et la mise en avant des idées fortes du programme composent leurs publications quotidiennes. Le reste du travail est fait par la communauté créée autour des candidats à l'aide des internautes actifs et prêts à relayer l'image de leur favori. Faire passer un message en 140 caractères est devenu monnaie courante chez ces mordus d'Internet qui arrivent à faire entendre leur voix en utilisant plusieurs registres tels que l'humour et la persuasion.

Et les autres?

Quand on s'intéresse de plus près aux autres candidats, notamment Marine Le Pen ou Jean Luc Mélenchon, on apprend qu'ils sont peu à parler en leur nom sur Twitter. Ainsi, tant pour la candidate du Front national que pour le candidat du Front de gauche, une seule personne possède les codes de leur profil et tweete pour l'une (Marine Le Pen) en fonction de l'actualité de la candidate et pour l'autre (Jean-Luc Mélenchon) en totale autonomie.
Selon le «clavier» de Jean-Luc Mélenchon, il est important d'être seul à la tête des réseaux sociaux des candidats, car on connaît toute son actualité et on ne laisse rien passer. Si les moyens humains sont identiques, la stratégie d'approche du follower adoptée par chaque camp reste très différente.

Du côté de Marine Le Pen, les tweets, postés sur son compte officiel (@MLP_officiel), restent très institutionnels. Son «clavier» tweete principalement l'actualité de la candidate, ses meetings et les phrases fortes de son programme.

En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, sa voix sur le Web joue la continuité de sa stratégie de communication: l'attaque et la défense de ses idées. Clément Sénéchal (26 ans) s'occupe seul des comptes Facebook et Twitter du candidat et se laisse aller à quelques attaques envers les autres candidats: «Sarkozy ne se rend pas compte que les syndicats ont joué leur rôle dans tous les progrès sociaux #LCP». Ce militant pèse ses mots et sait retweeter les messages qui mettent en avant son candidat. Peu de candidats relaient les messages de leurs militants. Mais ici, la stratégie est fidèle au slogan du candidat, «Place au peuple».

Et après ?

A quelques heures du premier tour de l'élection présidentielle, on ne constate pas de surcroît d'activité chez les équipes Web des candidats. Depuis le début de campagne, chacun s'emploie déjà à plein temps à faire connaître et apprécier son favori auprès des internautes. Reste à savoir quelle sera la stratégie d'entre les deux tours...

Marie Gillot

 

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