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Le CSA a fixé le calendrier d’un déploiement de la radio numérique terrestre dans 23 zones d’ici 2014. Un projet menacé de boycott par les principales radios privées. Un coup de bluff?

La radio numérique terrestre (RNT) peut-elle se faire sans RTL, Europe 1, NRJ ou RMC? Le doute plane alors que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) vient de relancer le dossier après des mois d'immobilisme. Première étape, la réouverture jusqu'au 31 mai de l'appel à candidatures pour Paris, Marseille et Nice. Les premières émissions sont attendues début 2013. Le CSA vient également de fixer le calendrier pour vingt zones supplémentaires, pour lesquelles les appels à candidatures s'échelonneront de juin 2012 (Strasbourg et Mulhouse) à avril 2013 (Bordeaux, Lyon, Grenoble, Saint-Etienne et Toulouse). «Au terme de cette série d'appels, 68% de la population métropolitaine pourra bénéficier d'une couverture en radio numérique terrestre», indique l'autorité de régulation dans un communiqué.

Conditions non réunies selon le Bureau de la radio

Reste à savoir quels seront les programmes disponibles. De cela dépend en partie le succès de la RNT auprès du grand public. C'est sur ce point que les quatre principaux groupes privés entendent faire pencher la balance dans leur sens. Coûts de diffusion insurmontables, manque de vision sur l'impact économique d'un tel lancement, recettes publicitaires incertaines: les groupes RTL, Lagardère Active, NRJ et Next Radio TV, réunis au sein du Bureau de la radio, estiment que les conditions ne sont pas réunies pour lancer la RNT aujourd'hui. «Le CSA lance cet appel à candidatures alors qu'il y a vacance du pouvoir», renchérit le patron de RTL, Christopher Baldelli. «Dans les conditions actuelles, où il n'y a pas de concertation, pas de vision stratégique du projet, il est très probable que nous ne répondions pas à l'appel à candidatures», tranche Michel Cacouault, président du Bureau de la radio. Un boycott qui, s'il se confirme, risque de tuer dans l'œuf la radio numérique terrestre.

La situation n'inquiète pas outre mesure les radios indépendantes, fervents défenseurs du projet. «Ni nous ni l'Etat ne peuvent être pris en otage par quatre personnes. On ne va pas nous refaire le coup de la FM trente ans après», s'énerve Jean-Eric Valli, président des Indés Radios et à la tête du groupe Sud Radio. «Nous sommes prêts à y prendre toutes les places qui seront disponibles. (...) Cette RNT sera la radio numérique pour tous: gratuite, anonyme et illimitée pour les auditeurs, sans carte SIM, ni carte bancaire, ni abonnement», ajoute le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti). Dans son viseur, les partisans d'une numérisation du média radio par la 4G. La RNT n'a pas fini d'attiser les tensions.

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