Le groupe de presse belge, éditeur du Soir et de La Voix du Nord, a renoncé à reprendre le pôle Champagnes-Ardennes-Picardie du groupe Hersant Média. Il demandait la suppression de 220 postes sur 640. La Filpac-CGT, qui ne voulait pas aller au-delà de 125, a enrayé le processus de rapprochement.

Le groupe de presse belge Rossel a annoncé mercredi 27 juin l'abandon de ses négociations de rapprochement avec le Groupe Hersant-Média (GHM), du fait du rejet par le syndicat CGT-Filpac d'un accord social préalable.


"Le groupe Rossel se retire du projet de rapprochement (...), obligé de constater que les conditions nécessaires à la faisabilité du plan d'affaires qui le sous-tendaient n'ont pu être réunies", précise un communiqué.


Le groupe belge précise que "l'accord social préalable, dont il avait fait une condition indispensable à sa participation au projet de rapprochement avec GHM et ses banquiers, a été catégoriquement rejeté par la Filpac CGT (...) tant dans les sociétés du pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP) qu'à Nice-Matin".


"Il regrette d'autant plus ce rejet que celui-ci se base, pour le pôle CAP, sur une position extrême prise par cette seule organisation syndicale, sans tenir compte du fait qu'une majorité des salariés s'était (..) clairement et volontairement exprimée par référendum en faveur du projet", poursuit le groupe.


Un collectif de salariés du pôle CAP avait organisé le 19 juin ce référendum - boycotté par la Filpac-CGT - auquel 290 salariés avaient voté oui, 7 non et 17 blancs ou nuls.


Après huit mois de négociation et une ultime prolongation du délai que Rossel avait fixé pour leur aboutissement, la Filpac-CGT avait rejeté lundi, dans les différents CE des organes de presse du pôle CAP (L'Union-l'Ardennais, L'Est Eclair, Libération Champagne et l'Aisne Nouvelle), les propositions de Rossel de suppression de 220 postes sur les 640 emplois dans le pôle.


Le délégué du personnel Filpac-CGT de l'Union, Emmanuel Busson a déclaré mercredi n'être "pas surpris" par cette décision de Rossel, "dans la mesure où le plan social a toujours été présenté comme un préalable non négociable". Il a rappelé que la contre-proposition de son syndicat (de limiter les suppressions de postes à 125, ndlr) avait été "refusée catégoriquement".


"C'est un jeu de dupes, car le groupe Rossel n'avait besoin ni de l'avis ni de la signature de la CGT pour faire une holding avec GHM et proposer un plan social à leur convenance", affirme encore M. Busson. Pour Philippe Mellet, délégué du personnel SNJ, "l'issue était malheureusement prévisible car l'accord préalable posé par Rossel était particulièrement sévère en matière de suppression de postes et de réorganisation".


Selon lui, "on se dirige probablement vers l'action des tribunaux de commerce et les zones d'incertitudes qui vont avec. On risque d'avoir des plans sociaux plus douloureux que celui proposé par Rossel mais nos journaux vont continuer à exister et nous défendrons la variété des titres".


Dans son communiqué, Rossel a par ailleurs rappelé que son projet avait été accompagné d'un investissement de quelque 20 millions d'euros pour financer le départ et le reclassement des salariés mais aussi la modernisation de l'imprimerie de Reims.


"Les investissements importants et indispensables à la mutation du modèle économique de la presse quotidienne ne peuvent porter leurs effets que s'ils sont réalisés dans des entreprises où une concertation sociale mature et responsable existe réellement", souligne le groupe belge.


Il milite toujours en faveur d'un "processus de concentration et/ou de mise en place de partenariats forts entre les entreprises" de la presse quotidienne régionale auxquels "Rossel et le groupe Voix du Nord (qu'il contrôle, ndlr) resteront attentifs et ouverts".

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