Depuis deux ans, date de son lancement aux Etats-Unis, l'arrivée imminente de la Google TV en France était l'Arlésienne. Cette fois ça y est, le boîtier de Sony associé à la Google TV est commercialisé en France depuis le 27 septembre, pour 200 euros. «C'est une box que l'on peut installer sur tout téléviseur pourvu d'une prise HDMI, et qui rend tout téléviseur connectable à Internet», résume Christophe Lapacz, directeur du développement chez Sony France.
Concrètement, cette box donne accès au système d'exploitation Android, ainsi que «aux 600 000 applications du Google Play Store, à You Tube et au Sony Entertainment Network», détaille Christian Witt, responsable Google TV en Europe.
Le téléspectateur peut donc surfer sur Internet via Chrome, le navigateur de Google, mais aussi accéder à des applications optimisées et, via la «boutique d'applications» de Sony, à de la musique en streaming, de la vidéo à la demande et des jeux du catalogue Sony Entertainment Network.
Une télécommande innovante
Mais qu'apporte Google? Le rapprochement avec Sony laissait imaginer une révolution dans le visionnage de la télévision. Or la Google TV est avant tout un boîtier de connexion à Internet, que l'on peut relier à sa «box» ADSL. C'est à la fois un peu décevant et... plein de promesses, puisque l'univers du Web, You Tube (bien mis en évidence) et les applications développées sous android ou "for Google TV", comme Zinga Poker, sont susceptibles d'interférer en permanence dans la consommation TV.
«Nous apportons Android, que nous avons mis à disposition pour la box de Sony», fait observer Christian Witt. De fait, l'utilisateur retrouvera le même système d'exploitation que sur ses appareils mobiles. Un menu horizontal, situé en bas de l'écran, personnalisable, affiche plusieurs applications.
Sony n'a pas choisi d'intégrer le boîtier à ses téléviseurs, car «il y avait trop de risque industriel par rapport à un marché TV tendu», avoue Christophe Lapacz. De fait, 3,3 millions de téléviseurs ont été vendus au premier semestre 2012, soit une baisse de 22% en volume, selon GfK. Toujours selon l'institut, ce sont 745 000 écrans de télévision connectés qui ont été achetés, soit une hausse de 15% par rapport au premier semestre 2011. Au total, 3 millions de téléviseurs connectables à Internet ont été vendus depuis 2009, et 39% sont effectivement connectés.
L'innovation réside surtout dans la télécommande de Sony, qui comporte des boutons comme n'importe quelle «zapette» et un pavé qui s'utilise comme une souris d'ordinateur portable. Et de l'autre côté, un clavier azerty. Le gyroscope intégré permet de jouer en ligne et de naviguer sur Internet. Autre fonction intéressante, la possibilité d'envoyer des contenus depuis d'autres objets mobiles (le smartphone, par exemple) sur la Google TV grâce à la norme DLNA.
Du côté des contenus, l'accès à You Tube est facilité et l'image est optimisée pour le téléviseur. Plusieurs partenaires sont référencés sur l'écran. France Télévisions a ainsi développé une application spécifique autour de son émission Les Zouzous, proposant l'ensemble des dessins animés en rattrapage (J-7) et des jeux de mémoire. Lagardère Active (Télé 7 Jours), Universal, 20 Minutes, Euronews, France 24 ou My Screen sont également de la partie.
En revanche, ni M6, qui préfère se concentrer sur les douze millions de boîtiers d'IP TV (ADSL), ni TF1 ne sont présents. «On espère qu'à cette occasion Google se considèrera vraiment comme un média français qui paye ses contenus, ses impôts et respecte les contraintes de l'audiovisuel», a déclaré à l'AFP Gilles Maugars, directeur général adjoint de TF1 en charge des technologies.
Côté publicité, «on retrouvera les mêmes formats que sur ordinateurs, avant, pendant ou après les programmes», se borne à signaler Christophe Lapacz. A noter que, dans certains programmes, un menu à gauche permet d'afficher des informations contextuelles sur des objets: il sera sans doute possible demain de les commander et de les acheter depuis son téléviseur. Reste à voir quel sera l'avenir de cette box, au lancement mitigé aux Etats-Unis en 2010. Google n'a communiqué aucun chiffre de ventes mais assure que sa version 2 a mieux marché.
