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Il n’y a jamais eu autant d’images du Vendée Globe. Les concurrents de la course à la voile en solitaire et sans escale autour du monde doivent être aussi caméraman et monteur… Avant du direct en non-stop?

Installé à la barre de son bateau, qui file à pleine vitesse entre Madère et les îles Canaries, François Gabart se filme, caméra à la main. Le navigateur détaille tranquillement les dernières nouvelles de sa course et réalise un travelling circulaire. La mer et la ligne d'horizon sont les limites de ce plateau TV hors du commun. Comme tous les autres concurrents du Vendée Globe, le skipper de Macif doit, contractuellement, envoyer des reportages vidéos.

La course à la voile autour du monde en solitaire et sans escale version 2012-2013, dont le départ a été donné des Sables-d'Olonne le 10 novembre, est passée à l'ère connectée. Outre le nécessaire et l'indispensable pour naviguer durant trois mois, les skippers doivent aussi emporter du matériel vidéo. «Les bateaux doivent embarquer trois caméras, l'une mobile, l'autre fixée à l'extérieur et la dernière installée dans la cabine, précise Hervé Borde, président de Nefertiti Production et producteur exécutif du Vendée Globe. Chaque marin a l'obligation de nous envoyer cinq minutes d'images par semaine.»

Et pas question d'expédier des heures de rushs censés être montés à terre. Compte tenu du temps et du coût de transmission par satellite, les skippers doivent assurer à bord et en pleine course le montage de leurs productions. «Le boulot de caméraman fait maintenant partie de notre job», confirme Michel Desjoyaux, vainqueur de la dernière édition du Vendée Globe, mais resté à quai pour cause de renoncement de son sponsor, Foncia. «Une minute d'images, c'est près d'une demi-heure de transmission à 3 ou 4 dollars la minute, explique le marin. C'est aussi de la consommation électrique. Du coup, on doit assurer le montage d'une petit document clés en main.» Et tout ça entre un empannage [passage de la voile d'un bord à l'autre] et un changement de voiles.

«Pas un programme de télé-réalité»

Le PC de la course, installé sur le parvis de la gare Montparnasse, à Paris, réceptionne les images des navigateurs. Un système mis en place par Sodebo, partenaire de la course, et la société audiovisuelle AMP. Tous les films sont regardés. «Avant diffusion, on demande une validation par un équipier à terre, car il nous est arrivé de recevoir des images bizarres», confie Hervé Borde. Malades, en pleurs ou même nus… seuls en mer, les marins n'ont parfois pas conscience de la portée des images réalisées.

Ensuite, les vidéos sont mises à disposition sur la plate-forme médias du Vendée Globe. Les télévisions, dont aucune n'a d'exclusivité, et les sites Web y piochent à leur guise. En une semaine de course, les quelque 150 chaînes accréditées ont téléchargé près de 3 000 vidéos.

Avec des bateaux équipés comme des studios TV, les navigateurs envoient toujours plus d'images. Quotidiennement, les visioconférences avec les skippers s'ajoutent aux vacations radio. Dans ce contexte, le pas à franchir pour une couverture 24 heures sur 24 est mince.

«Techniquement, et si on met de côté l'aspect financier, c'est possible, mais franchement, pour moi, c'est non, tranche Roland Jourdain, qui a déjà participé à trois Vendée Globe. J'aime faire partager à terre mes émotions, mes rires et mes peines, mais je souhaite aussi. rester maître de mes images. C'est moi qui décide d'appuyer ou non sur le bouton»

Un Vendée Globe TV 24 heures sur 24 n'est pas dans les projets des navigateurs. «Oui, pour un flux d'images, mais attention, la course doit rester une grande aventure et une légende, déclare Bruno Retailleau, président du conseil général de Vendée, propriétaire de la course. Le Vendée Globe n'est pas un programme de télé-réalité.» Les skippers peuvent encore se concentrer sur leur premier boulot: la course en mer.

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