Audiovisuel
Les LGBT+ sont de mieux en mieux représentés à la télévision française, même si des progrès restent à faire, notamment dans la visibilité des lesbiennes.

Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et autres identités (LGBT+) sont de plus en plus souvent présents sur le petit écran en France, y compris aux heures de grande écoute. Par exemple, le feuilleton Plus belle la vie met régulièrement en scène des personnages homosexuels (Eric, Gabriel, Thomas...), la troisième saison de Skam a suivi l’acceptation de l’homosexualité de Lucas, ce qui a valu à la série jeune de France Télévisions de recevoir mi-juin un Out d’or, ce prix qui récompense les personnalités et les médias qui œuvrent à une meilleure visibilité des LGBT+. « On note un bond quantitatif entre 2017 et 2019. Il y avait un retard à combler et l’arrivée de nouveaux formats – la fiction notamment – y est pour beaucoup », estime Alice Coffin, cofondatrice de l’Association des journalistes LGBT, qui a créé les Out d’or il y a deux ans.

Personnages gays

À la fin des années 1990, la série Avocats & Associés avait été précurseure en faisant d’un des personnages secondaires un gay. Depuis, plusieurs séries se sont construites autour des problématiques LGBT+, comme aux États-Unis, The L World ou plus récemment Orange is the new black. En France, la web-série Les Engagés met en scène le quotidien de militants d’un centre gay et lesbien de Lyon. « Des séries plus communautaires sont diffusées sur des médias de niche [Netflix, Canal+, France.tv Slash], ce qui ne fait pas circuler ces problématiques dans la société. La normalisation passe par des représentations dont ce n’est pas l’enjeu majeur », souligne Séverine Barthes, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à la Sorbonne-Nouvelle.

Au-delà de la fiction, la télé-réalité a largement contribué à la visibilité des LGBT+ en France, de Loft Story à la finale de la dernière saison de Koh Lanta, durant laquelle une des candidates a fait son coming-out. « Pour beaucoup de gens, la télévision est la seule représentation qu’ils ont des personnes LGBT+. Les médias ont un rôle fondamental à jouer », insiste Alice Coffin, qui publiera à l’automne un livre sur le sujet aux éditions Grasset.

Les lesbiennes, sous-représentées

Selon la journaliste engagée, « ce qui ne bouge pas beaucoup, c’est l’information télévisée, où il y a un vrai souci. Encore beaucoup de gens à la télé n’assument pas leur homosexualité. » « Personne n’est obligé de faire son coming out », tempère Frédéric Martel, producteur à France Culture et auteur de Sodoma, enquête au Vatican. Selon le journaliste, qui ne cache pas son homosexualité, « on ne peut pas dire que les gays soient absents de la télévision française, même s’il y a sûrement mieux à faire, en étant davantage dans la pédagogie. »

Dans son Baromètre de la diversité, le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne mesure pas encore la représentation des LGBT+ à la télévision, mais y travaille. « Tout le monde n’est pas égal dans l’inégalité : les gays sont surreprésentés », note Séverine Barthes. « Les lesbiennes sont sous-représentées, y compris aux États-Unis. En tant que femmes et lesbiennes, elles souffrent d’une double sous-représentation », renchérit Alice Coffin. Reste à voir si le débat qui s’annonce sur la PMA permettra d’inverser la tendance.



 

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