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Alexandre Kara, directeur de Franceinfo, revient sur les principales actualités de ces dernières semaines.

La couverture médiatique de la conférence de presse de Carlos Ghosn.

Vu l’attente suscitée par cette affaire, les zones d’ombre qui l’entourent, la personnalité qu’est Carlos Ghosn et son évasion romanesque, l’ampleur qu’a prise cette conférence de presse est normale. On ne pouvait pas échapper à un tel barnum médiatique. Pour autant, les médias doivent veiller à ne pas héroïser quelqu’un qui est poursuivi par la justice. Les accusations qui pèsent sur Carlos Ghosn sont extrêmement graves ; c’est pourquoi il est important de bien choisir ses invités, d’être dans l’explication, en rappelant les charges qui pèsent contre lui et en disant bien que le dossier repose sur quelque chose. La couverture médiatique de cette affaire a été plutôt bien faite mais on sent dans les médias français une fierté malsaine à parler de ce patron qui a fui la justice japonaise. On n’aurait pas traité de la même façon un patron japonais qui aurait fui la justice française.



La position de compromis annoncée par le gouvernement sur la réforme des retraites.

On voit que l’âge pivot a servi d’épouvantail pour le gouvernement dans son projet de réforme des retraites. Son retrait est opportun, c’est un jeu tactique. Quant à la couverture médiatique du mouvement, on sent que les médias français, nous y compris, ont tiré en partie les leçons des Gilets jaunes. La mise en scène a été beaucoup moins forte sur le mouvement contre la réforme des retraites, avec une large place faite à l’exécutif sur l’ensemble des chaînes. Je ne pense pas qu’on en ait fait trop car tous les Français se sentent concernés par le financement des retraites.



L’Iran obligée de reconnaître une erreur dans le crash de l’avion ukrainien.

Cet exemple est l’archétype de la communication immédiate et de l’impact de la technologie sur l’information. Le fait que quelqu’un ait réussi à filmer ce missile, à cet endroit précis, est stupéfiant. Ça donne le sentiment que plus rien ne peut échapper à l’œil du citoyen. L’Iran a été obligée de reconnaître une erreur car la preuve était là, qui plus est venant d’un de ses citoyens. C’est un changement de paradigme qui illustre aussi l’importance pour les médias de ne pas négliger la couverture de l’international.



Delphine Ernotte, candidate à sa succession à France Télévisions.

Delphine Ernotte a été désignée [en 2015] sur un projet de réforme de France Télévisions, qui n’est aujourd’hui pas achevé. Il est donc logique qu’elle veuille le poursuivre. De plus, le nouveau mandat sera un demi-mandat [du fait de la loi audiovisuelle], ce qui ne laisserait pas beaucoup de temps utile à un nouveau président.



L’éventuel regroupement des chaînes d’info sur la TNT suite à l’arrêt de France 4 et France Ô.

C’est une évidence. La thématisation est pratique pour le téléspectateur. De plus, puisque toutes les chaînes info ne se ressemblent pas, les regrouper lui permettrait de choisir celle qu’il veut regarder. C’est une question de pluralisme, même si je comprends que, pour des raisons économiques, BFMTV et Cnews n’aient pas envie de voir arriver LCI et Franceinfo.



Facebook confirme qu’il ne contrôlera pas les publicités politiques.

C’est la preuve que Facebook est une entreprise américaine. Aux Etats-Unis, la violence des publicités politiques ne fait pas débat, à l’inverse de l’Europe, où il y a un bloc autour de la France et de l’Allemagne qui n’a pas cette culture. En faisant ce choix, Facebook reste une entreprise très américaine, à la différence de Twitter par exemple, qui a pris davantage conscience de sa situation mondialisée.

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