Audiovisuel
Le documentaire est de plus en plus programmé sur des chaînes généralistes comme thématiques. Après RMC Découverte, RMC Story et les Gafa vont apporter de l'argent dans le secteur.

Plus de 9 000 heures par an pour France Télévisions, dont 800 en première partie de soirée et 1 800 produites, 8 750 heures pour le groupe Canal+ grâce à sa chaîne thématique Planète+ ; des budgets qui s’élèvent à 101 millions d’euros pour le groupe public, « premier partenaire de la création française », et à près de 98 millions pour Arte, qui dédie à ce type d’œuvres plus de la moitié de sa programmation…

À l’occasion du Fipadoc, qui s’est tenu jusqu’au 25 janvier à Biarritz, le documentaire est apparu à la fois comme un véritable poumon créatif – en atteste le grand prix national Danser sa peine de Valérie Müller - et un genre en plein essor. Pour preuve, le groupe Altice, qui consacre 25 millions d’euros au doc sur RMC Découverte, vient d’annoncer que RMC Story allait à son tour investir le genre, en lui consacrant 10 millions d’euros dès cette année et 60 % de sa programmation. Quant à Netflix, qui s’est fait remarquer par la qualité de son Grégory, signé Gilles Marchand, il est appelé à investir 25 % de ses recettes, estimées à 800 millions d’euros en France en 2020, dans la création audiovisuelle. 

Une aubaine pour les documentaristes, dans la mesure où ils sont souvent menacés de paupérisation avec leurs 52 minutes vendus entre 5 000 et 10 000 euros sur les chaînes de la TNT. À condition de ne pas y perdre son âme. « L’argent des plateformes est intéressant, mais est-ce au prix de notre liberté, de notre point de vue sur le monde, de nos métiers et de notre patrimoine national ? », s’est interrogé Emmanuel Priou, président du Syndicat des producteurs indépendants, qui craint une uniformisation passant par une approche locale, selon les standards de Netflix, et au mépris de la prétention des auteurs à parler du monde. De son côté, la directive sur le droit d'auteur oblige YouTube ou Facebook à rémunérer les éditeurs de vidéos disposant d'une empreinte numérique.

Soutien sans faille

Qualifiée de « bonne nouvelle pour le documentaire » par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, l’arrivée des Gafa implique un soutien public sans faille aux créateurs. Le CNC – centre national du cinéma et de l'image animée – opère jusqu’en décembre 2020 une revue générale de ses aides et de ses critères après avoir réalisé une économie de 35 millions d’euros, dans l'audiovisuel, en deux ans. La PDG de France Télévisions affirme avoir sanctuarisé son enveloppe de 101 millions d’euros mais reconnaît n’avoir aucune visibilité après 2022, lorsque se mettra en place la holding France Médias. Or comme le dit le sénateur PS David Assouline, la baisse d’un euro de la redevance, fait craindre que « la réforme vienne habiller une trajectoire budgétaire ». Pour le documentaire, la rapporteure de la loi Aurore Bergé entrouvre même la porte à de nouvelles recettes en indiquant que le placement de produits pourrait venir s’y loger. Finalement, il n’y a qu’Arte – qui ne rejoindra pas France Médias - qui garde un cap très clair avec ses projets franco-allemands ambitieux et en travaillant sur sa plateforme européenne de SVOD à l’horizon 2022 ou 2023, avec France TV, ZDF et ARD. Une centaine d’heures de documentaires et de magazines seront accessibles en mai sur les sites partenaires. 

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