Enquête
Porte-parole de Benjamin Griveaux, Olivia Grégoire l'a accompagné du début à la fin de cet épisode.

Quelles questions se pose-t-on quand une telle crise survient ?

C’est un type de crise auquel nous ne sommes jamais préparés. D’abord, on met en place ses réflexes : dans un monde inondé de fake news, la question est de savoir si c’est vrai ou faux. C’est une question fondamentale, à laquelle on doit avoir une réponse car tout le développement de la suite vient de là. Nous avons appris la diffusion des vidéos le mercredi 12 février. La journée de jeudi est très particulière, car Benjamin Griveaux fait une conférence de presse, et à ce moment rien n’est médiatisé. Dans nos têtes, la question n’est pas de savoir si cela va sortir, mais quand ? Et c’est très compliqué, car c’est un vrai sujet de droit. Rappelons que le revenge porn est sévèrement puni, pour ceux qui diffusent ou participent à la diffusion. Sur ce point, il faut saluer les médias, qui ont été très responsables.

Et ensuite ? Quels sont les mécanismes de décision ?

Le terme de crise vient du grec «krisis» qui signifie décision, choix. Et ici, la crise a été assez réduite car Benjamin a fait un choix très rapidement, celui de se retirer, pour sa famille, ses proches et aussi pour qu’un nouveau candidat puisse reprendre le flambeau. Il y aurait eu crise s’il s’était maintenu tout en étant sali dans des torrents de boue ensuite, ou si La République en Marche avait mis huit jours à trouver un candidat. Mais non : des choix ont été faits. Notre travail a ensuite consisté à porter deux messages : un choix qu’il a fait avec courage, et en homme libre, sans aucune intervention de qui que ce soit. Pour son allocution, nous avons suivi une règle : en communication de crise, il ne faut garder aucun sujet dans l’ombre. Benjamin Griveaux a assumé, sans laisser planer d’ambiguïté. Il a tout dit. C’était très important.

Si vous deviez revivre cet épisode, changeriez-vous quelque chose ?

Honnêtement, non... je ne vois pas. En revanche, il y a une chose qu’on a toujours du mal à percevoir et qu’on n’apprend nulle part en communication, c’est l’accompagnement après la crise. C’est cela le plus difficile. Dans le feu de l’action vous êtes sous adrénaline, mais on ne mesure pas vraiment l’impact intérieur, la peine, la violence. Politiques ou dirigeants, ce ne sont pas des surhommes ou des surfemmes, mais des humains. Il faut être sacrément entouré, car personne ne peut mesurer les traces des événements en chacun. Cela dépasse sûrement la communication, mais c’est indispensable d’accompagner ensuite, sur le long terme. Et ce qui va m’animer durant les prochains mois avec lui. Lui écrire tous les jours, et lui dire que je suis là.

 

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