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Accusé de mélange des genres, la page Desinfox Coronavirus publiée sur le site du gouvernement veut mettre en avant les articles de fact-checking sur le coronavirus réalisés par un certain nombre de médias. 32 sociétés des journalistes dénoncent cette initiative.

Face à la polémique, le gouvernement a justifié ce week-end la création de la page Desinfox Coronavirus répertoriant sur son site internet des articles de presse par la nécessité de lutter contre «la prolifération» de «fausses informations» sur la crise sanitaire. Cette page «a vocation à être supprimée une fois la crise terminée», a assuré Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, interrogée à l'issue du Conseil des ministres sur la controverse créée par sa mise en ligne sur le site Gouvernement.fr.

«Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, le gouvernement travaille à garantir à l'ensemble de nos concitoyens l'accès aux informations les plus fiables possibles, en temps réel», a-t-elle déclaré. Or, «nous assistons à une prolifération, que je qualifierai d'inouïe, de fausses informations, (...) et qui peuvent entraîner des conséquences sanitaires lourdes», a-t-elle déploré, prenant l'exemple d'informations fausses sur «de supposés traitements qui permettraient de vaincre le coronavirus», comme «cette préconisation recommandant d'avaler de l'eau de javel pour se décontaminer de l'intérieur».

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Pour autant, elle se défend de favoriser certains médias qui, d'après les détracteurs du projet, seraient plus favorables au gouvernement. «En aucun cas, le gouvernement et l'Etat ne choisissent les articles de presse. Le site du gouvernement ne fait qu'effectuer une forme de (...) recension de l'ensemble, sans choix réalisé entre les médias, de l'ensemble des fact-checking réalisés», a-t-elle détaillé, précisant que «les médias français mis en exergue disposent d'une rubrique dédiée au fact-checking depuis au moins deux ans, d'une équipe spécialisée et d'un accès gratuit au contenu».

Parmi les journaux cités, figure Libération, dont le directeur des rédactions Laurent Joffrin a regretté, dans son édition du 2 mai, cette initiative. «La communication gouvernementale est une chose, le travail des rédactions en est une autre. Cette publication sans autre forme d'explication risque d'introduire une confusion dans l'esprit des lecteurs, d'autant que sa promotion a été faite par Sibeth Ndiaye, qui occupe le poste très politique de porte-parole du gouvernement», a-t-il écrit.

Le 3 mai, les sociétés des journalistes et sociétés des rédacteurs de 32 médias, dont Le Monde, BFMTV, Paris Match ou encore Les Echos, ont publié une tribune dans laquelle elles dénoncent l'initiative du gouvernement. «En distinguant tel ou tel article sur son site internet, le gouvernement donne l'impression, dans un mélange des genres délétère, de labelliser la production de certains médias (...). Ce faisant, le pouvoir actuel démontre, une fois encore, la défiance qu'il nourrit à l'endroit d'une presse libre et plurielle», écrivent-elles.

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