Télévision
À moins de deux ans de la présidentielle, BFMTV et LCI affûtent leur stratégie pour tenter de récupérer les téléspectateurs partis chez CNews. Avec la volonté de ne pas devenir des chaînes d’opinion.

Rassembler plutôt que diviser. C’est le maître-mot chez BFMTV et LCI en cette rentrée, alors que le format plus clivant de CNews a permis à la chaîne de se hisser durablement au-dessus des 1% de part d’audience (1,1% en août contre 2,7% pour BFMTV et 1% pour LCI). « L’enjeu pour BFMTV est de continuer à délivrer la meilleure information possible pour tout le monde. À la différence de nos concurrents, nous ne choisissons pas une cible, nous ne faisons pas de choix éditoriaux clivants. On s’adresse à tous », martèle Marc-Olivier Fogiel, son directeur général. « Nous ne voulons pas être une chaîne élitiste, insiste pour sa part Fabien Namias, directeur général adjoint de LCI. Tout en continuant à être une chaîne de débat, nous voulons élargir notre spectre, en créant un lien plus direct avec le public. »

Chaîne de débat

C’est dans cette logique que la chaîne info du groupe TF1 a fait venir de RMC et BFMTV Éric Brunet, qui anime une émission interactive de 10h à midi, Brunet Direct. Délinquance des mineurs, situation de la SNCF, agressions des élus : les téléspectateurs sont invités à donner leur avis en direct. Un format popularisé par RMC mais dont est peu familière LCI, et qui mord sur les plates-bandes de CNews. « Éric Brunet est un journaliste populaire, qui sait parler aux Français. Pour autant, nous restons une chaîne de débat, pas d’opinion », assure Fabien Namias. Pour preuve, la chaîne vient d’écarter de son antenne Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, après la publication d'un article qualifié de « politique fiction » représentant la députée LFI Danièle Obono sous les traits d'une esclave. « Notre audience est éthiquement saine et économiquement rationnelle », ajoute Fabien Namias.

PPDA suisse

Autre nouveauté sur LCI, l’arrivée de Darius Rochebin, qui a présenté le JT de la Radio télévision suisse pendant 22 ans. Celui que les médias français surnomment le « PPDA suisse » est aux commandes de l’émission Le 20H de Darius Rochebin, dans laquelle il s’entretient avec des personnalités de premier plan, comme le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou l’ancien procureur de Paris, François Molins. « Darius Rochebin nous apporte une expérience d’intervieweur, un carnet d’adresses et une réputation auprès des grands de ce monde », relève Fabien Namias.

Sur BFMTV, Bruce Toussaint a repris la tranche 9h-midi, Alain Marschall, le 19h-21h, tandis que la chaîne a fait venir de France 5 le journaliste Maxime Switek, à qui elle a confié le 22h-minuit. Jean-Baptiste Boursier hérite quant à lui de BFM Politique le dimanche midi, en plus de BFMTVSD, les vendredis, samedis et dimanches en access. « Ces quatre journalistes ont la capacité à parler à un large public, ce sont des journalistes de news tout terrain, rappelle Marc-Olivier Fogiel. Nous voulons faire une information pour tous, en ne privilégiant aucune sensibilité et en n'en excluant aucune. » Et si le dirigeant reconnaît « un moment de tension » avec le Rassemblement national, il n’y a « pas un boycott [de la chaîne] comme j’ai pu le lire ». À moins de deux ans de l’élection présidentielle, mieux vaut soigner ses relations.

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