Plateforme
Les principaux groupes radio proposeront dès janvier 2021 une plateforme commune pour diffuser leurs programmes. Un projet qui rappelle celui de Salto pour la télévision.

Nom de code ? Cosmos. Instigateurs ? Les groupes radio français, privés comme publics. Ambition ? Proposer une plateforme commune de diffusion digitale des programmes radio. Dessein sous-jacent ? Que la radio ne soit plus aux mains d'agrégateurs incontrôlables, nationaux ou internationaux. Calendrier ? Mise en ligne dès janvier 2021. Difficulté majeure ? Faire s'entendre des concurrents dans un même environnement. Sur le papier, le projet a tout d'utopique. Une précédente tentative, en 2014, avec l'application mobile Direct Radio dans laquelle étaient impliqués cinq grands groupes, avait échoué à la suite de désaccords entre les acteurs. Selon certains participants, l'une des raisons de cet échec reposait sur le fait que chacune des radios devait puiser dans ses effectifs pour mettre partiellement à disposition de Direct Radio des collaborateurs et assurer la promotion de l'appli. L'arbitrage entre sa propre radio et l'appli était permanent.

Contrer les plateformes

Ce projet, comparable à Salto, mais agrégeant les flux de la radio, réussira-t-il là où le précédent a failli ? Déjà, le contexte a évolué, faisant bouger les acteurs, comme le souligne Jean-Éric Valli, président du groupe 1981 et des Indés Radios depuis 27 ans et président de ce projet : « Avant, on se payait le luxe de claquer la porte quand on n'était pas d'accord sur un point. Mais aujourd'hui, nous avons tous compris que malgré des points de divergence entre radios, on peut travailler ensemble. » Régis Ravanas, directeur général des activités audio du groupe M6 qui participe au projet est très optimiste. « Le projet avance très bien et il y a beaucoup d'enthousiasme de la part de l'ensemble des groupes radio qui sont moteurs. Nous sommes tous conscients qu'il est nécessaire de maîtriser davantage la distribution de nos signaux. » 

Car il y a urgence pour ces radios à maîtriser leur distribution digitale et à contrer les agrégateurs et plateformes (TuneIn, Radioline mais aussi Deezer…). Sur les 15 % d'auditeurs qui écoutent la radio sur internet, on estime la part des agrégateurs à 5 à 8 %. Cosmos permettrait, d'une part, de maîtriser la qualité de la diffusion, de collecter des datas sur les auditeurs et donc des annonceurs, de remettre la main sur la monétisation de ces audiences qui échappe actuellement aux radios et enfin de maîtriser l'adserving et l'insertion des pubs dans les signaux. 

Une structure légère

Lancé il y a deux ans, le projet réunit autour de la table Radio France (France Inter, Franceinfo, etc.), le groupe M6 (RTL, RTL2, Fun Radio), Lagardère News (Europe 1, Virgin Radio, RFM), Les Indés Radios (130 radios). Sont attendus les groupes NRJ (NRJ, Chérie FM, Rire & Chansons et Nostalgie) et NextradioTV (RMC, BFM Business), avec lesquels les discussions sont très avancées, selon nos informations. C'est Jean-Éric Valli qui a pris son bâton de pèlerin pour aller discuter avec les intervenants. Fort de son expertise fondée sur 27 ans à la tête du GIE Les Indés Radios, il a fait la preuve de sa capacité à rassembler dans un intérêt commun et à fédérer les idées sans se les approprier. La plateforme digitale des Indés peut servir de point de référence. « Nous avons pris le temps de nous parler, de tisser un lien de confiance car nous sommes concurrents. Nous avons donc créé une société commune le 27 juillet dernier et embauché Yann Legarson, directeur général en charge de l'opérationnel. Il s'occupe de faire le lien avec l'interlocuteur de chaque groupe, dédié à Cosmos », poursuit Jean-Eric Valli. La structure est légère et simplissime. « On divise par le nombre d'associés les frais des coûts de fonctionnement de la structure à parts égales. » Du choix, courant octobre, de la technologie dépendra le montant les frais encourus. Deux options se présentent : soit on retient une techno existante, qui permettrait d'accélérer la réalisation, soit on développe une solution sur mesure, un peu plus onéreuse. La plateforme présentera l'avantage de prendre en compte la géolocalisation et donc la mise en valeur des stations locales, ce que ne font pas les agrégateurs. Suivront les choix d'ergonomie, de communication de lancement et notamment du nom de la plateforme. Les acteurs ont déjà opté pour un lancement sans publicité dans un premier temps. Tout devrait être bouclé pour la mise en ligne de la plateforme le 1er janvier 2021. 

TV : Démarrage de Salto imminent

Salto, le service de SVOD des télés devrait être disponible fin octobre. Dotée d'un budget sur trois ans de 135 millions d'euros (2020-2023) puis 250 millions d’euros avec ses recettes propres, la plateforme de TF1, France Télévisions et M6, proposera des épisodes de séries françaises en avant-première quelques jours avant leur diffusion TV (dont Demain nous appartient, Un si grand soleil, Plus belle la vie), des séries en avant-première dont Ils étaient dix, avant sa diffusion sur M6 ; des programmes français et étrangers cultes comme Un Village français, Munch, Alex Hugo et Downton Abbey et des séries inédites en France, mais déjà diffusées à l’international dont Double Vie, Evil, Egoïste.

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