Télévision
De M6 à BFMTV, en passant par TF1, les chaînes télé sont nombreuses à lancer des dérivés audio de leurs programmes. Objectif, renforcer le lien avec leurs audiences, en attendant la monétisation.

Après les radios et les titres de presse, les chaînes télé sont gagnées par la mode des podcasts. En à peine un an, BFMTV a lancé une soixantaine de programmes audio, dont une vingtaine de podcasts natifs (Les Dents et dodo, L’Instant où…). Le groupe M6 (M6, RTL, W9...) a lancé en septembre, en partenariat avec Prisma Media, l'appli gratuite Audio Now, avec une centaine de podcasts natifs. Parmi eux, quatre sont dérivés de ses antennes télé : Capital – Le podcast, Les Films mythiques (Paris Première), Les Françaises au lit (Téva) et Les Marseillais y’en a (jamais) assez (W9). Même tendance chez TF1 avec six formats déclinés de ses antennes et incarnés par des personnalités du groupe, comme Denis Brogniart (Vie d’aventure) ou Grégoire Margotton (Club Margotton).

Une expérience complémentaire 

« Aujourd’hui, on voit que le très grand public est en train d’arriver massivement sur le territoire podcast, c’est pour ça que le groupe TF1 ne s’est pas lancé plus tôt. L’objectif prioritaire de cette offre est d’entretenir le lien avec le public de TF1 », insiste Yann Geneste, directeur de TF1 Entertainment. « Le podcast est un format qui apporte une expérience complémentaire au téléspectateur, en plus du live, du replay, des extraits que nous diffusons sur Facebook. Nous voulons créer un écosystème éditorial autour de nos marques et le média audio permet d’être consommé à des moments de vie très différents de la vidéo. C’est un vrai apport », renchérit Valéry Gerfaud, directeur général en charge du digital du groupe M6.

Chez BFMTV, deux tiers des podcasts proposés sont les replay audio d’émissions. C’est le cas par exemple de BFM Story, l’émission de décryptage de l’actualité que présente Olivier Truchot. « Nous avons sélectionné les formats qui marchent sans l’image. La matinale par exemple serait difficilement adaptable en version audio », explique Julien Mielcarek, directeur de la rédaction digitale de BFMTV. Chez M6, Capital – Le podcast reprend aussi la bande audio des reportages diffusés en télévision. « Ça permet de faire découvrir le contenu de Capital sous une autre forme, que ce soit à destination des fans de l’émission ou d’un nouveau public », avance Valéry Gerfaud.

Dans certains cas, le sujet télé est réenregistré, parfois même repackagé pour une diffusion audio. Chez BFMTV par exemple, les enquêtes longues diffusées le lundi soir dans le magazine d’actualité Ligne rouge sont redécoupées en épisodes et réenregistrées. Pour son podcast 50’Inside La Story, Nikos Aliagas réenregistre quant à lui le sujet diffusé sur TF1 afin d’y poser sa voix.

Contenus spécifiques

Les podcasts natifs se multiplient aussi, sur des thématiques proches de l’antenne mais avec des contenus conçus spécifiquement pour une diffusion podcast. C’est le cas par exemple chez TF1 de Vie d’aventure, dans lequel Denis Brogniart part à la rencontre d’aventuriers hors pair, comme le navigateur Thomas Coville ou l’alpiniste Élisabeth Revol. « Que ce soit avec ce podcast ou avec celui de Grégoire Margotton sur le sport ou de Christophe Bourseiller sur l’histoire, nous voulons répondre à la demande de différentes communautés », indique Yann Geneste. Même chose lorsque M6 lance le podcast natif Les Marseillais y’en a (jamais) assez à destination des inconditionnels de l’émission de télé-réalité de W9. Ou quand BFMTV a conçu Les Dents et dodo à destination des enfants, depuis devenu le podcast natif le plus écouté de la chaîne info. « Les podcasts permettent de s’amuser sur des écritures très différentes. Dans le cas de Dominique Rizet par exemple (L’Instant où…), nous avons fait un long travail pour qu’il donne de sa personne dans le récit, ce qu’il ne fait pas à l’antenne », raconte Julien Mielcarek.

Côté chiffres, les chaînes restent discrètes. M6 avance une moyenne de 50 000 écoutes par épisode, jusqu’à 100 000 pour Les Françaises au lit. Chez BFMTV, les quatre premiers épisodes de L’Instant où… cumulent plus de 170 000 écoutes en quatre mois, Les Dents et dodo, 500 000 écoutes sur l’ensemble du premier semestre. « On est dans un succès d’image, les chiffres sont très éloignés des écoutes du replay radio », contextualise Valéry Gerfaud chez M6.

Les chaînes ne sont pas découragées pour autant, loin de là. Dans les prochains jours, les podcasts du groupe TF1 vont passer d’une périodicité bimensuelle à hebdomadaire, et un podcast tiré de la série-réalité Petits secrets en famille va être lancé. Le groupe Canal+ va quant à lui présenter dans les prochaines semaines sa stratégie en la matière, tandis que NRJ 12 propose désormais une version audio de son émission Crimes. « Toutes les émissions qui ont de grandes bases de fans sont pertinentes. Encore faut-il trouver du sens en audio », avance Valéry Gerfaud, qui réfléchit à des déclinaisons audio des grandes marques de divertissement du groupe M6, comme Top chef ou L’Amour est dans le pré.

Quid de la monétisation ? « Le niveau de monétisation des podcasts est encore relativement faible, mais c’était déjà un pari lorsque nous avions lancé le replay ou Golden Moustache », rappelle Valéry Gerfaud. « Nous sommes sur un marché qui va se démocratiser et sur lequel la valeur va arriver », anticipe Yann Geneste chez TF1 Entertainment. Pour preuve, tous veulent déjà en être.

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