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La crise du Covid et le premier confinement ont accéléré la mutation digitale du groupe Jeune Afrique, dont le titre phare devient mensuel. Amir Ben Yahmed, son directeur général, dévoile sa stratégie.

Vous avez présenté un plan de sauvegarde de l’emploi en septembre, en cours de négociation avec 24 départs envisagés début 2021 pour 134 salariés. Il s’agirait majoritairement de secrétaires de rédaction et de maquettistes. Confirmez-vous ces informations ?

Oui, même si je ne peux m’exprimer sur ce sujet. Il s’agit d’une réorganisation des équipes dans le cadre de l’accélération de notre transformation digitale et de la mutation de certains métiers liés à la production du print. Les nouvelles compétences que nous recrutons concernent le marketing multicanal, la tech, le CRM et la data. Notre plan prévoit de revenir au même niveau d’effectif d’ici deux ans.

 

Pouvez-vous nous détailler votre projet ?

Acté il y a un an, il vise à devenir un média quotidien sur abonnement à forte valeur ajoutée. Notre driver est le média digital en liaison avec nos publications print. En juin, Jeune Afrique est devenu mensuel. Nous étions presque prêts quand le premier confinement a été décidé. Nous avons donc fait cette mutation en trois mois au lieu des douze prévus. Dans un monde de news, la périodicité hebdo n’est plus pertinente. Jeune Afrique print demeure donc sur une périodicité mensuelle. Nous vendions 50 000 exemplaires en hebdo, 37 000 désormais.

 

Quels sont vos objectifs ? 

Nous avons 20 000 abonnés digitaux, nous en visons 100 000 en 2024, avec un taux de recrutement de 2 000 par mois. Nous en sommes déjà à 1 500.

 

Comment se porte le groupe Jeune Afrique ?

Depuis dix ans, nos résultats sont structurellement à l’équilibre voire légèrement bénéficiaires. Nous avons préservé nos marges financières en nous diversifiant et en trouvant des relais de croissance. Mais nous sommes durement impactés par le Covid.



Avec quelles conséquences financières ?

Nous avons perdu 3 à 4 millions d'euros de revenus publicitaires sur nos titres The Africa Report et Jeune Afrique puisque nous n’avons pas été distribués pendant le confinement. Avec l’arrêt de l’événementiel et l’annulation de The Africa CEO Forum, cela représente une perte de dix millions d’euros sachant que notre chiffre d’affaires en 2019 était de 27,3 millions d’euros avec 60 000 euros de résultat net.



Prévoyez-vous des innovations éditoriales ?

Suite au succès de Jeune Afrique business+, nous travaillons sur de nouveaux contenus dont des newsletters spécialisées. Nous produisons l’émission Réussite pour Canal+ Afrique. Nous voulons développer d'autres formats vidéo et des podcasts, fort du succès de Talking Africa.



Comptez-vous davantage miser sur l'anglais ?

Toutes nos plateformes sont bilingues. Nous développerons le digital de Africa Report, trimestriel premium en le dotant d’un paywall début 2021. Son site affiche déjà 1 million de visites par mois.



Quid de l’événementiel ?

Nos événements (The Africa CEO Forum, Women for Change, Family Business Summit) représentent 20% de notre chiffre d’affaires. Ils sont payants pour tous, afin d’être irréprochables sur le contenu. Nous nous adaptons avec des webinars et des conférences digitales. Nous préparons de nouveaux événements sur les femmes décideurs, l’énergie et la finance.

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