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L'une est une star du petit écran. L'autre préside aux destinées de CMI France (Elle, Télé 7 jours, Version Femina). Elles lancent un nouveau magazine, "S". Interview croisée de Claire Léost, directrice générale du groupe de presse et de Sophie Davant, directrice éditoriale du bimestriel.

Vous avez retardé le lancement de ce nouveau bimestriel qui était prévu en avril dernier. Avec ce reconfinement, n’avez-vous pas imaginé le reporter à nouveau ?

Claire Léost. Pas du tout. Evidemment, nous étions très déçues la première fois mais il y avait la double conjonction du confinement et de la faillite de Presstalis et cet épisode compliqué pour la distribution des journaux. Aujourd’hui, ce magazine est un succès auprès des annonceurs. Ils nous ont réservé un très bon accueil, sympathique et porteur. Ils attendent sa sortie avec quinze pages de pub, ce qui vu le contexte est une bonne tendance. Et si en cette période on peut apporter de la joie, de bonne humeur et de l’empathie aux lecteurs, tant mieux.

Qui est à l’origine de ce projet ?

Sophie Davant.  Ce sont Claire Leost et Jérémy Parayre, le directeur de la rédaction. Ils m’ont invité à déjeuner et l’idée d’incarner un magazine m’a paru tellement incroyable que je pensais qu’ils parlaient de quelqu’un d‘autre. Comme je suis de nature pessimiste, j’ai pensé que cela ne se ferait pas. Mais j’ai réfléchi à la ligne éditoriale et au contenu. Quand ils sont revenus vers moi, nous sommes très vite tombés d’accord.

Claire Léost. A la création de CMI, nous nous sommes fixé comme mission d’accompagner les femmes à toutes les étapes de leur vie. Quand on a réfléchi à une personnalité pour les accompagner, on a immédiatement pensé à Sophie. Car elle a une carrière exemplaire de plus de 30 ans à la télé, dans un milieu qui peut être impitoyable et cruel. Elle a connu des ruptures et des deuils et les a assumés sans les cacher. Elle n’est pas l’incarnation d’un modèle de réussite dur et froid, elle a toujours eu une relation cash et faite d’empathie avec les téléspectateurs. Et c’est quelqu’un de curieux, qui incarne les valeurs de notre groupe. Concrètement, c’est une licence et Sophie est intéressée au chiffre d’affaires et au succès du bimestriel qui pourrait devenir mensuel.

Quelle est la ligne éditoriale ?

S.D. Parler de tous les sujets qui ont trait à la vie et qui m’intéressent : culture, psycho, sexo, mode, cuisine, évasion, déco. Et en s’adressant à toutes. J’aimerais interviewer Michel Onfray dans un prochain numéro par exemple. Et j’ai envie d’interaction, que la lectrice en fermant le journal y trouve ses propres clés et se dise « et pourquoi pas ».

C.L. C’est un magazine qui prend son temps, avec 148 pages et des sujets longs et approfondis comme l’interview de Katherine Pancol. Il aborde des sujets encore tabous comme la ménopause, l’amour après 50 ans ou la vieillesse analysée par Laure Adler. 

S’adresse-t-il à une cible oubliée des éditeurs ?

C.L. Il parle aux quinquas au sens large : j’ai 44 ans et je l’ai dévoré. Il y a des magazines dit médicaux ou senior mais c’est tout ce que l’on ne voulait pas faire. On voulait de la modernité dans le choix des sujets, les angles, la maquette. Sophie incarne bien cette idée qu’à 50 ans, rien n’est finit. Au contraire, tout peut recommencer, professionnellement, sentimentalement, sur le plan du développement personnel. Aux Etats Unis, Oprah, le magazine de la journaliste télé Oprah Winfrey a pu nous inspirer mais il est beaucoup plus pratique alors que nous accentuons le temps long et le développement personnel.

Et le succès du magazine de Michel Cymès vous a inspiré ?

C.L.Totalement.

Quels sont vos objectifs ?

C.L. Notre tirage sera de 250.000 exemplaires. A partir de 100 .000 ventes, à 3,90 euros, ce sera un succès. Il sera porté par une campagne télé, radio, affichage et de la promo dans nos magazines. C’est une stratégie de volume, contrairement au magazine d’Inès de la Fressange, journal de niche, qui atteint 30.000 à 35.000 exemplaires pour 8,90 euros et cible une parisienne CSP+, urbaine et chic. Avec Sophie, on est sur une cible large, populaire, rurales et de villes moyennes. Nous envisageons une newsletter hebdo et des événements et conférences quans le covid nous le permettra.

Que vous apporte cette expérience?

S.D. J’ai un tel respect pour l’écrit. J’ai rédigé mon premier livre seul pendant le premier confinement. Je vais le terminer pendant le second. Je suis curieuse de toutes les expériences et je n’en avais pas en presse écrite. J’ai abordé ce travail avec gourmandise, soit en donnant mon avis sur les sujets, soit en faisant des interviews ou en écrivant des textes. Je me réjouis d’avoir d’autres perspectives que la télé, comme d’autres cordes à mon arc.

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