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Valeurs actuelles conteste en justice un avis du Conseil de déontologie journalistique concernant un article comprenant un dessin représentant la députée LFI Danièle Obono en esclave.

Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a été assigné en référé par le magazine Valeurs actuelles pour «atteinte à la présomption d'innocence» après la publication d'un avis défavorable concernant l'article dans lequel la députée LFI Danièle Obono est représentée en esclave, a indiqué l'instance mercredi 27 juillet. Ce conseil, indépendant de l'Etat, avait publié en novembre un avis dans lequel il estimait que l'article de Valeurs actuelles, publié en août dernier, bafouait les règles journalistiques devant «respecter la dignité des personnes citées et/ou représentées».

La publication de cet article avait déclenché des condamnations unanimes, amenant le Parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire pour «injures à caractère raciste». Danièle Obono avait pour sa part porté plainte contre l'hebdomadaire. «La direction de Valeurs actuelles prend la responsabilité d'une procédure liberticide en assignant le CDJM en référé, au motif qu'il ‘‘porte atteinte à la présomption d'innocence’’ de son directeur de la publication», s'insurge dans un communiqué le Conseil de déontologie.

«Procès-bâillon»

«En tentant de semer la confusion entre ce qui relève de l'éthique journalistique et ce qui relève du droit pénal, Valeurs actuelles vise clairement à faire taire le CDJM dans un ‘‘procès-bâillon’’», juge le Conseil présidé par Patrick Eveno, universitaire spécialiste des médias. Valeurs actuelles «rend des comptes comme la loi le prévoit, devant les tribunaux si besoin» voire «dans les médias s'il faut se défendre ou argumenter» mais «à aucun moment devant une commission d'experts autoproclamés», répond Geoffroy Lejeune, directeur de la publication, sollicité par l'AFP.

Légitimité contestée

Fondé fin 2019, ce nouvel organe de médiation a été fondé après des années de débats enflammés sur son utilité face à la défiance grandissante des citoyens envers les médias. Sur le modèle d'institutions semblables en Europe, il réunit des représentants de la profession, une poignée de médias, des écoles de journalisme et des associations de lecteurs. Le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a apporté son soutien officiel à l'hebdomadaire, qu'il compte parmi ses membres, dans ce litige.

«Le SEPM s'opposera désormais systématiquement à toute condamnation publique d'article ou de responsable de publication du SEPM par cette entité à laquelle le syndicat ne reconnait pas de légitimité», prévient-il. Le CDJM relève pour sa part que le syndicat compte «parmi ses membres des titres qui ont violemment condamné l'article sur la députée Danièle Obono». L'audience aura lieu le 2 février au tribunal administratif de Paris.

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