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Après une levée de fonds de 5,1 millions d'euros, Mathieu Roche, le cofondateur et PDG d'ID5, revient pour Stratégies sur les technologies d'identifiants publicitaires. Avec la disparition du cookie, le marketing adressé sera-t-il vraiment fini ?

Alors que le marché parle de la fin du ciblage personnalisé, vous venez de lever 5,1 millions d’euros, pour développer votre solution d’identifiant et continuer dans ce sens. Vous jouez à contre-courant ?

Mathieu Roche. C’est un petit signal – mais il y en a d’autres - sur le marché, au moment où tout le monde pensait que les systèmes d’identification étaient terminés pour passer aux cohortes. Les grands acteurs ont une position tranchée, mais le succès d’ID5 et cette levée montrent que pour les investisseurs, notre solution est pertinente et visible sur le secteur. Cela signifie bien qu’une partie du marché n'est pas d’accord avec ce qu’Apple et Google imposent. Nous sommes un des moyens qui servira à dessiner la troisième voie du marketing adressé.

Apple et Google veulent mettre un terme au marketing adressé ?

Apple et Google disent que c’est terminé pour les autres, sauf pour eux. Ils estiment qu'eux n’ont pas de raison d’arrêter. Si vous, vous voyez l’internaute trois fois sur des sites différents, vous ne pourrez plus utiliser cette information pour recouper. En parallèle, il vous donne un os à ronger - avec les cohortes - qui est destiné au reste du marché mais ne les concerne pas vraiment. Il est facile de plaider pour la fin du tracking cross-site et l’autorisation du tracking au sein de son propre écosystème quand on détient les plus gros sites du monde. Évidemment, on ne peut que soutenir cela quand on a une position dominante. On construit une machine qui collecte des données personnelles, qui fait des milliards de chiffre d’affaires, puis on fixe la position en demandant d’arrêter tout.

Et donc, vous, vous proposez quoi ?

Nous n’avons pas de relations avec les internautes. En revanche, on permet aux sites de monétiser la relation qu’ils ont avec les gens. Les vrais principes de la privacy, c’est le choix et le contrôle. L’internaute veut-il avoir un accès gratuit à un média avec de la pub, ou un accès payant sans pub ? Ce choix a été imposé implicitement pendant des années sans éduquer personne. On a fait croire que tout était gratuit, et que c’était normal. Mais c’est gratuit parce qu’il y a de la pub. Lorsqu’on va au restaurant, et qu’on mange, on n’a pas à choisir de payer ou de ne pas payer. Nous devons revenir sur cette discussion et la rendre explicite. Une fois que ces choses-là sont posées, et que les internautes acceptent de partager certaines données, nous, nous avons construit une infrastructure d’identifications sur laquelle est fondée l’économie de la publicité numérique.

C’est-à-dire ?

Nous travaillons avec les sites pour monétiser le trafic des internautes qui ont consenti. S’ils ont refusé, on ne fait rien. C’est la base du RGPD. À charge du site de le monétiser autrement, par un abonnement ou une rétribution financière. Dans un univers où tous les sites ont leurs identifiants, nous sommes une monnaie d’échange. Historiquement, nous sommes passés par les cookies pour établir des relations avec les acteurs du marché. Mais cela a toujours été un moyen pour se connecter à tout le monde. Maintenant, nous sommes une clé commune pour échanger des identifiants, quand l’internaute a donné son accord, en toute sécurité.

Chiffres clés :

14. L'effectif en mars 2021 (x2 en 2020).

25 personnes. Objectif pour fin 2021.

5,1 millions d’euros. Levée de fonds de mars 2021.

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