Radio
Passée sous le patronage de Vincent Bolloré, la station voit près du quart de ses effectifs mettre la clé sous la porte. La stratégie de synergie avec CNews et le groupe Canal+ lui permettra-t-elle de redresser la barre ?

« Nous ne serons pas une radio d'opinion mais une radio généraliste, nous assure avec conviction Marie Renoir-Couteau, présidente de Lagardère Publicité News et directrice de la stratégie, de la communication et du marketing de Lagardère News. Le positionnement, la mission et la ligne éditoriale d'Europe 1 restent inchangés. Comme notre signature “Écoutez le monde changer”. » Un message nécessaire à porter alors que tout semble avoir changé. Le jeu d'actionnariat a fait passer la station dans le giron du groupe Bolloré au printemps. La grève historique de 5 jours en juin a été suivie de 64 départs ; 73 personnes ont demandé une rupture conventionnelle collective, 42 y ont eu droit ; 20 ont démissionné dont Matthieu Belliard, Patrick Cohen ou Wendy Bouchard. Et si Europe 1 ne bénéficie pas de la clause de conscience permettant aux journalistes de partir avec les mêmes indemnités que lors d'un licenciement en cas de changement de ligne éditoriale, un dispositif comparable va être ouvert. Une vingtaine de salariés pourraient postuler, selon nos informations. 

Mouvement inédit

Vincent Bolloré, selon Jean-Pierre Elkabbach, n'a rien d'un « ogre » [lire interview ci-contre]. Mais son arrivée aura fait fuir près du quart des 300 employés. « Mis à part en 1968, ce mouvement est inédit, détaille le sociologue des médias François Jost. Le seul précédent concerne les départs d'I-Télé » en 2016. Après 31 jours de vaine grève pour s'opposer à l'arrivée de Jean-Marc Morandini, voulue par le nouvel actionnaire majoritaire Vincent Bolloré, un tiers des journalistes avaient démissionné. « On pourrait craindre que l'histoire se répète avec la même réduction des effectifs de la rédaction », prévient François Jost. 

Mais que se passe-t-il à l'antenne en cette rentrée ? « Nous avons monté en tension l'info dans la matinale de Dimitri Pavlenko [venu de Radio Classique et CNews, NDLR] avec un rappel de titres tous les quarts d'heure. Des synergies s'opèrent avec un de nos nouveaux actionnaires, Vivendi et donc CNews et Canal+ », souligne Marie Renoir-Couteau.

Mutualisation

Parmi les transferts de Canal+, Mouloud Achour assure une quotidienne sur les musiques urbaines et Laurie Cholewa devient « Madame Cinéma ». La tranche 18h-20h de Laurence Ferrari sur CNews est désormais diffusée sur Europe 1. « Cette mutualisation des programmes va dans le sens de la télévisualisation de la radio. Cela existe depuis 1948 mais c'est toujours la télé qui remporte le match », souligne François Jost. Quant à William Leymergie, Jean-Pierre Elkabbach, Romain Desarbres, Thomas Lequertier, ils ajoutent à leurs activités de CNews une présence sur Europe 1. « La station était historiquement située un peu à droite. Va-t-elle suivre le positionnement marketé traditionnaliste impulsé sur C8 avec des programmes religieux le 15 août ? Ou carrément d'extrême droite avec Zemmour sur CNews condamné pour incitation à la haine raciale ? L'analyse de Bolloré est qu'il y a la place pour des médias clairement de droite dans un monde médiatique majoritairement de centre gauche. » Ce positionnement va-t-il s'affirmer et permettre à Europe 1 de se forger une identité plus forte et fédératrice ?

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