Tribune
Un temps cantonnée au rang de hobby pour adolescents, la création de contenu sur internet est devenue un vrai business, tant pour les créateurs eux-mêmes que pour les marques.

Depuis moins de dix ans, une nouvelle façon de travailler est en train de se développer de plus en plus rapidement dans le monde économique moderne. Comme dans d’autres domaines, la technologie a ouvert la voie à de nouveaux usages, qui eux-mêmes ont engendré de nouveaux modèles économiques.

Grâce au développement de la monétisation, de la publicité et de l’arrivée des annonceurs sur les réseaux sociaux et les plateformes de création de contenu, il est désormais possible de se rémunérer et de faire vivre son entreprise grâce aux personnes qui nous suivent et à l’influence que nous avons sur les réseaux. C’est ce qu’on appelle la «creator economy», l’économie de la création de contenu.

Selon Mediakix, la taille actuelle du marché du marketing d'influence s'élève à environ 8 milliards de dollars et devrait atteindre 15 milliards de dollars d'ici 2022, ce qui en fait l'un des secteurs d'activité à la croissance la plus rapide. Bien que la «creator economy» n’ait qu’une dizaine d'années, déjà plus de 50 millions de personnes dans le monde se revendiquent comme créateurs de contenu.

Une économie à deux vitesses

La particularité de ce marché est qu’il est d’abord né d’une passion, d’amateurs passionnés par la création et curieux de l’émergence de nouveaux moyens d'exprimer leur créativité. En quelques années seulement, toute une économie s’est construite autour de ces créateurs de contenus, ce qui explique notamment que, parmi ces créateurs de contenus, 47 millions sont encore amateurs, exprimant leur créativité avec quelques avantages financiers ou pour s’offrir un complément de revenu.

Trois millions seulement seraient professionnels, vivant de leur activité à plein temps. YouTube reste incontestablement la plateforme la plus utilisée par les créateurs de contenus professionnels. Aujourd’hui, on chiffre à un million, soit près de la moitié des créateurs de contenus, le nombre de professionnels qui gagnent leur vie grâce à cette plateforme, contre un quart (500 000) de professionnels qui se rémunèrent via Instagram.

À l’inverse, pour les créateurs de contenus amateurs, Instagram permet à plus de 30 millions de personnes non professionnelles de créer du contenu monétisable, contre 12 millions d’amateurs qui utilisent YouTube. Que ce soit pour les professionnels ou les amateurs, la plateforme de streaming Twitch se hisse à la 3ème place des plateformes utilisées par les créateurs de contenu. L’émergence du phénomène s’est également accélérée avec le succès de TikTok, non seulement auprès des plus jeunes générations mais aussi plus globalement depuis le premier confinement.

Un marché en constante évolution

Le nombre de petites entreprises en lien avec la «creator economy» a connu une croissance extrêmement rapide ces dernières années. Alors qu’il y a un peu plus de 10 ans, des plateformes comme YouTube ou Facebook voyaient à peine le jour, la monétisation a permis à ce marché de se développer bien plus rapidement qu’attendu. Petit à petit, les créateurs ont aussi développé d’autres moyens pour monétiser leur audience comme le sponsoring, le placement de produits, l’appel aux dons ou la création de leur propre entreprise e-commerce en parallèle, afin de moins dépendre de la plateforme sur laquelle ils partagent leurs contenus.

La création de contenu sur internet est aujourd’hui un vrai business, à ne pas négliger. En plus de devenir des chefs d’entreprise à succès, certaines personnes suivies sur les réseaux ont une influence encore plus importante que les médias ou les politiques traditionnels. Et c’est justement cette influence, cette capacité à créer de l’engagement auprès de ses communautés, qui vaut de plus en plus cher aux yeux des annonceurs, et du monde politique, économique et médiatique traditionnel.

À titre d'exemple, Forbes France, magazine économique de référence, mettait la bloggueuse et entrepreneuse Caroline Receveur en Une de son édition été 2019, première femme à apparaître en couverture. Plus récemment, la youtubeuse Léna Mahfouf (Léna Situations) s’offrait un article long format dans le New York Times, saluant le succès de son livre, qui a bouleversé le monde de l'édition.

Plus généralement, l'économie des créateurs est en train de changer la façon dont les gens gagnent leur vie, que ce soit pour un créateur de contenu sur Instagram, un graphiste freelance ou un monteur vidéo. La bonne santé boursière des réseaux sociaux comme Facebook, Snapchat ou encore Twitter témoigne du potentiel d’avenir de l’économie de la création de contenu. Longtemps cantonnée au rang de hobby pour adolescents, la «creator economy» a désormais un solide avenir financier tant pour les créateurs eux-mêmes que pour les marques qui en bénéficient.

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