Investigation
Une nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d'investigation établit des liens entre des actifs offshore et plus de 300 dirigeants et responsables politiques. Et si la plupart des transactions révélées ne sont pas illégales, l'enquête met en lumière le décalage entre le discours anti-corruption de certains leaders et leur usage extensif des paradis fiscaux.

Une trentaine de dirigeants actuels ou passés, plus de 300 responsables politiques du monde entier, ainsi que des stars ou des criminels sont épinglés dans une enquête publiée le 3 octobre par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) sur l'opacité des sociétés offshore. La plupart des transactions révélées dans les Pandora Papers, ne sont pas illégales, mais l'enquête met en lumière le décalage entre le discours anti-corruption de certains leaders et leur usage extensif des paradis fiscaux.

Cette enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes, s'appuie sur quelque 11,9 millions de documents, qui proviennent de 14 sociétés de services financiers. Elle a mis au jour plus de 29 000 sociétés offshores. Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c'est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse. Par le biais de ces entités, il a acheté 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars.

Egalement mis en cause, le Premier ministre tchèque, Andrej Babis. Il a placé 22 millions de dollars dans des sociétés écran qui ont servi à financer l'achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France. Le président équatorien, Guillermo Lasso, a lui logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud.

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Parmi les Français cités, Dominique Strauss-Kahn, l'ancien ministre français et ex-directeur général du Fonds monétaire international, a fait transiter plusieurs millions de dollars d'honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d'impôts, selon les documents examinés par l'ICIJ.

Dans ce gigantesque fichier, on retrouve aussi les noms de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair et son épouse Cherie. Ils ont acquis en 2017 un immeuble de bureaux en achetant une société dans les îles Vierges qui était propriétaire des lieux. La transaction leur a permis d'économiser environ 400 000 dollars d'impôts, rapporte l'ICIJ.

Au total, des liens ont été établis par l'ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan, qui ont créé près de 1 000 sociétés, dont plus des deux tiers aux Iles Vierges britanniques. Parmi les personnalités exposées, se trouvent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar. Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites.

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