Le billet d'Amaury de Rochegonde

[Billet] Au cinéma, l’Amérique s'emploie à faire rêver l’Afrique. Netflix, par exemple, a bien ses séries africaines, mais elles sont toutes sud-africaines ou nigérianes.

The Woman King, sorti en octobre sur les écrans, raconte les exploits des « Agojie », les amazones du royaume du Dahomey, l’actuel Bénin, en 1823. Ce film américano-canadien est inspiré de faits réels à un détail près : il raconte l’hostilité farouche des amazones au commerce des esclaves alors que le Dahomey, dont ces Agojie étaient des soldates, a participé activement à la traite négrière jusqu’à la fin du XIXe siècle. La production assume sa part de fiction. Au diable la vérité historique si l’on veut promouvoir la vision d’une femme africaine changeant le cours de l’histoire ! Sauf que tout le monde en Afrique ne l’entend pas ainsi. Le Sénégalais Babacar Diagne, qui préside l’autorité de régulation de son pays, s’inquiète de l’absence de l’Afrique francophone dans la production de ses images. Comme on l’a vu avec Black Panther, sorti en 2018, l’Amérique s’y entend pour faire rêver l’Afrique. Mais, dit-il à l’Unesco, « si nous ne produisons pas nous ne sommes rien ». Son homologue au Maroc, Latifa Akharbach, va plus loin : les plateformes avec leurs données risquent d’imposer un modèle de diversité « en trompe l’œil ». Netflix a bien ses séries africaines mais elles sont toutes sud-africaines ou nigérianes. Pourtant, rappelle Babacar Diagne, l’homme le plus riche de l’histoire, Mansa Moussa 1er, était roi de l’empire du Mali au XIVe siècle. De quoi inspirer un scénario…

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