Médias

Les Rencontres de l'ARP ont mis en évidence l'évolution du modèle de la production et de la distribution des films depuis la crise post-covid des entrées en salles et l'implication des plateformes.

Le décret date de juin 2021 mais la directive SMA dont il est issu sera de nouveau débattue au parlement européen en décembre. « Le bilan cinéma par rapport aux obligations de 2021, année de démarrage, n’est pas satisfaisant », a déclaré Jean-François Mary, conseiller de l’Arcom lors des Rencontres de l’ARP, le 3 novembre. Ce dispositif qui oblige les plateformes à consacrer au moins 4% de leur chiffre d’affaires en France au 7e art français a sans doute été mieux respecté en 2022, mais le régulateur n’exclut pas de constater des manquements. 

Un an après sa signature, l'accord interprofessionnel sur la chronologie des médias est  aussi soumis à une clause de revoyure en février. Les plateformes peuvent présenter des films tricolores 17 mois après leur sortie en salles – voire quinze s’agissant de Netflix – contre 36 mois auparavant. Maxime Saada, président du directoire de Canal+, se félicite de la récence des films. Son offre en bénéficie puisqu’elle peut désormais en programmer six mois après leur sortie : « L’accord est vertueux pour Canal+. Le cinéma a chez nos abonnés la satisfaction la plus élevée depuis 2016, à 87% contre 70% pour le sport. Mais pour les plateformes, avec un écart de deux mois, l'incitation est trop faible. C'est miraculeux que Netflix ait signé. » À la clé : 60 millions d'euros investis. En 2025, la création audiovisuelle et cinéma table sur 350 millions d'euros.

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Encore faut-il que tous y viennent. Disney, qui n'a pas conclu l'accord de chronologie, menace de réserver à sa seule plateforme Disney+ ses blockbusters (Avengers, Black Panther...), qui sont pourtant essentiels aux exploitants de salles car ils font des entrées et attirent la clientèle. « J'ai le sentiment d'un truc inachevé, a repris Maxime Saada, bâtard pour les plateformes et les organisations du cinéma. » D'où un ajustement de la chronologie attendu avec, au passage, un point sur l'indépendance des auteurs et des producteurs.

Une offre éditoriale de films français sur les plateformes entretient l'appétence. Mais est-ce susceptible de faire revenir vers les salles ? En 2022, les professionnels s'attendent à 155-160 millions d'entrées. C'est beaucoup mieux que les 95,5 millions de 2021 mais beaucoup moins bien que les 213,2 millions de 2019, année pré-covid. Pour tenir, les salles ne peuvent pas compter que sur une hausse du prix des places – comme Pathé dans les centres-villes. Le risque est grand de voir des fonds extra-européens s'emparer de réseaux de salles entiers. C'est pourquoi la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, a demandé au Centre national du cinéma de travailler sur une extension aux salles de la protection dont bénéficient les catalogues d'œuvres depuis septembre 2021.

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Dominique Boutonnat, président du CNC, veut aller plus loin. Il milite pour des engagements de programmation et de diffusion garantissant l'accès des films aux salles et des salles aux films. Cela permettrait par exemple d'augmenter la fenêtre d'exposition d'un film indépendant. En 2009, les 15-24 ans voyaient cinq films par an issus de la diversité française et internationale. Ce n'était plus que 0,5 en 2019.

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