Étude

La guerre en Ukraine et, dans une moindre mesure, les enjeux climatiques ont largement remplacé le covid à la une des médias en 2022, selon le baromètre UBM d’Onclusive réalisé en partenariat avec Stratégies. Décryptage.

La guerre en Ukraine

Après deux années monopolisées par la crise sanitaire, 2022 a permis à d’autres sujets de revenir sur le devant de la scène médiatique, à commencer par la guerre en Ukraine. « Le covid est médiatiquement derrière nous. L’Ukraine a été le sujet le plus médiatisé de l’année : il a été à la une de l’actualité 100 jours, ce qui a représenté 27 % des sujets à la une sur l’ensemble de l’année », explique Sonia Metché, directrice des études d’Onclusive France.

Sur la seule journée du 24 février, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le sujet cumule 4 517 UBM (unités de bruit médiatique). Cela signifie qu’en moyenne, chaque Français de 15 ans et plus a été exposé 45 fois à cette information sur la journée. Autre pic médiatique, le 13 mars, avec 1 961 UBM pour les conséquences du conflit sur les prix de l’énergie et l’afflux des réfugiés en Europe. Sur l’ensemble de l’année, la guerre en Ukraine cumule 129 685 UBM, ce qui en fait le sujet le plus médiatisé de 2022, avec une forte concentration de la médiatisation sur le premier semestre (1 800 UBM par jour en moyenne au premier semestre contre 475 pour le second semestre).

L’élection présidentielle française

La réélection d’Emmanuel Macron le 24 avril a généré 8 501 UBM en 24 heures, soit le pic le plus haut de l’année sur une seule journée, tous sujets confondus. Sur l’ensemble de la campagne, l’élection présidentielle française cumule 79 998 UBM, ce qui en fait le deuxième sujet de l’année. « C’est 12 % de moins que pour l’élection présidentielle de 2017 », rappelle Sonia Metché.

Le sujet a été en partie éclipsé par la guerre en Ukraine, même si la médiatisation de la campagne a connu une accélération durant la première quinzaine de mars, portée par de grandes émissions télé de débat, comme Élysée 2022 sur France 2 et La France face à la guerre sur TF1. « Les petits candidats ont été particulièrement médiatisés durant cette campagne, notamment Éric Zemmour, qui a été le quatrième candidat le plus médiatisé », note l’experte.

Parmi les temps forts de cette période électorale, le début de la campagne de deuxième tour le 12 avril. Ce jour-là, le démarrage du duel final entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a cumulé 2 312 UBM. Plus médiatisés encore, les résultats des élections législatives deux mois plus tard, avec 4 088 UBM le 19 juin.

Les enjeux environnementaux et énergétiques

C’est durant l’été que le sujet du climat s’est installé à la une de l’actualité, avec d’abord les incendies en Gironde et dans les Landes. « D’un point de vue médiatique, le deuxième semestre a été très différent du premier avec l’installation des enjeux environnementaux et énergétiques à la fois dans les médias et dans l’opinion. Les incendies de cet été ont créé une rupture », estime Sonia Metché.

Ces incendies ont été à la une de l’actualité durant 45 jours, avec un pic à 1 771 UBM le 19 juillet. « Le traitement médiatique a d’abord été émotionnel, avec des reportages sur ce qu’il se passait sur le terrain, avant de devenir quelque chose de plus rationnel en septembre, avec le plan de sobriété et la crise énergétique, une couverture marquée par différents relais comme la crise des carburants en octobre et les mouvements d’activistes écologiques ainsi que la COP27 en novembre », souligne la directrice des études d’Onclusive. Le 12 octobre, le mouvement de grève dans les raffineries et la réquisition de salariés ont été le sujet le plus médiatisé du jour avec 1 515 UBM.

Selon elle, « les médias font aujourd’hui clairement le lien entre les enjeux environnementaux et sociétaux, comme l’inflation et le pouvoir d’achat. Le climat irrigue tous les sujets ». Au global, les questions climatiques ont cumulé 47 000 UBM sur l’ensemble de l’année, ce qui en fait le troisième sujet le plus médiatisé.

La crise sanitaire

Après une année 2021 où le covid a représenté 75 % des sujets à la une (277 jours), selon le baromètre Onclusive, la crise sanitaire semble bien derrière nous, d’un point de vue médiatique du moins. En 2022, le covid a été 24 jours seulement à la une (soit 6 % des sujets), concentrés sur le mois de janvier, avec un pic le 5 janvier, avec les propos polémiques d’Emmanuel Macron sur les non-vaccinés (2 053 UBM).

« Le sujet du covid n’a plus été une seule fois à la une depuis le 28 juin, au moment d’un rebond de l’épidémie et de débats sur le port du masque, et c’était avec un niveau d’UBM bien inférieur à janvier (446 UBM le 28 juin contre autour de 1 000 le 21 janvier) », relève Sonia Metché.

Le décès d’Élizabeth II

La mort d’Élizabeth II le 8 septembre dernier est quatrième pic de l’année en termes de couverture médiatique, avec 3 640 UBM au lendemain de sa disparition. « Son décès a représenté une bulle intemporelle dans la couverture médiatique, avec 12 jours à 1 500 UBM jour en moyenne », rappelle l’experte.

Le Mondial de foot au Qatar

Autre bulle intemporelle dans l’actualité de 2022, selon elle, la Coupe du monde de football au Qatar. Le Mondial a été 32 jours à la une, avec une médiatisation moyenne de 1 200 UBM sur la deuxième partie de la compétition. Le 19 décembre, au lendemain de la finale, la victoire de l'Argentine sur la France a cumulé 2 525 UBM, ce qui en fait le cinquième sujet à la une de l'année.

Au total, chaque Français a été exposé en moyenne 263 fois à une information sur la Coupe du monde entre le 19 novembre et le 19 décembre, soit 8,5 fois par jour. C’est 17 % de moins que pour la précédente édition en 2018, qui se déroulait en été, sur un calendrier moins resserré, et dans un contexte géopolitique et social différent.

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