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Inquiets pour leur avenir, certains salariés du groupe La Provence s'interrogent sur le lancement d'un deuxième appel d'offres pour le rachat des parts du Groupe Bernard Tapie (GBT) dans leurs journaux régionaux. Ils réclament en justice l'ouverture des premières offres déposées.

Au terme du premier appel d'offres, fin octobre, deux candidats repreneurs s'étaient manifestés auprès du tribunal de commerce de Bobigny, chargé de la liquidation du groupe Bernard Tapie: l'armateur CMA CGM, l'un des géants mondiaux du secteur, et la holding du fondateur de Free Telecom Xavier Niel, NJJ, déjà actionnaire de La Provence à hauteur de 11%.

Mais leurs offres pour acheter les 89% détenues par la société de l'homme d'affaires Bernard Tapie, décédé en octobre, dans La Provence, important groupe de presse régionale du Sud-Est de la France détenant le titre éponyme et Corse-Matin, n'ont jamais été ouvertes.

Le 1er février, un deuxième appel d'offres a été lancé par les co-liquidateurs judiciaires, les candidats pouvant déposer leurs dossiers jusqu'au 14 février à midi pour une ouverture le lendemain.

«Nous ne comprenons pas pourquoi un deuxième appel d'offres a été lancé. Il y a des zones d'ombre, tout est fait pour que l'on n'ouvre pas les premières offres (...) Nous ne comprenons pas pourquoi», se sont indignés dans un communiqué le CSE d'Eurosud Provence (filiale publicitaire), les représentants du personnel FO et CGT de Corse Presse, Corse Matin Publicité et Corse Distribution.

«850 emplois» sont en jeu, rappellent-ils. Dans une lettre aux sénateurs membres de la commission d'enquête sur la concentration des médias en France, ils s'inquiètent que le cahier des charges du deuxième appel d'offres «exclue le volet social».

Par l'intermédiaire de leur avocate Me Catherine Szwarc, les CSE d'Eurosud, SPD (distribution) et Corse Matin publicité ont décidé de contester mercredi 9 février auprès du tribunal de commerce de Bobigny l'abandon du premier appel d'offres et le fait que le tribunal ait autorisé CMA CGM et le groupe de Xavier Niel à récupérer leurs offres initiales.

Sans attendre, mardi matin, ils demanderont en référé au tribunal de commerce de Marseille le transfert du dossier dans la deuxième ville de France, où La Provence a son siège, et l'ouverture des deux offres, peut-on lire dans une assignation consultée par l'AFP.

«Pourquoi le juge-commissaire à Bobigny clôture ce premier appel d'offres et demande aux candidats de venir récupérer leurs offres ? Pourquoi on ne les consigne pas au tribunal de commerce au cas où il y ait une responsabilité pénale par exemple?» s'est interrogée Me Szwarc auprès de l'AFP.

«Il n'y a pas plus de sécurité avec ce deuxième appel d'offres car la procédure sur le droit d'agrément est toujours en cours», a poursuivi l'avocate, en référence à la suspension par la justice du pacte d'actionnaires qui offrait un droit de veto à Xavier Niel, en tant qu'actionnaire minoritaire, sur tout candidat au rachat des 89% de GBT.

Le groupe de Xavier Niel a contesté cette suspension par le tribunal de Marseille et une audience d'appel doit avoir lieu fin mars à la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

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