La plateforme de newsletters parvient à convaincre de plus en plus de personnalités à s’agglomérer à son offre.

Lancée il y a un an par Adrien Labastire, cofondateur de Golden Moustache, Kessel taille sa route, même si sa voie est encore aventureuse. Après Victoire Tuaillon (Les Couilles sur la table), Laurent Joffrin ou Hugo Clément, c’est au tour de Franz-Olivier Giesbert et de Hugo Travers (alias HugoDécrypte) de rejoindre la plateforme aux 1 500 newsletters (dont 300 à 400 actives). En juillet, avant son interview d’Emmanuel Macron, qui a réuni 1,7 million de vues sur YouTube, Hugo Travers a rejoint ce dispositif de publication de textes écrits qui est, selon lui, « un levier complémentaire » par rapport à YouTube (3 millions d’abonnés), Instagram (3,5 millions), TikTok (5 millions) ou ses podcasts. Son objectif ? « Hybrider la rigueur journalistique », dit-il. La newsletter d’HugoDécrypte compte déjà 30 000 abonnés, mais c’est encore deux fois moins que celle d’Hugo Clément et cinq fois moins que Time To Sign Off (TTSO) aux 150 000 abonnés.

Le modèle de Kessel, Adrien Labastire le résume en citant Roland Barthes : « Il disait que la photo s’impose à nous, je crois à l’écriture et à l’analyse qui sont un monde différent celui de l’instantanéité. La complexité du monde ne s’évacue pas en vingt secondes de vidéo ». Avantage de la newsletter, elle passe par le mail et est donc indépendante des réseaux sociaux et de leurs soubresauts (la mise en retrait de l’actualité sur Facebook par exemple). Ensuite, l’écrit peut y défendre sa valeur dans un mouvement mondial de soutien aux créateurs. Kessel prend une commission de 10 % pour la distribution, qui passe à 30 % si elle s’implique en référencement et en acquisition médias. Elle assure aussi la régie de façon non exclusive pour des médias comme BFM et offre des espaces de communication corporate pour des clients comme Bompard ou Fortuneo avec des coûts pour mille qui peuvent aller de 50 à 60 euros.

« Notre business, c’est la distribution », assure Adrien Labastire qui estime entre 350 000 et 400 000 euros son chiffre d’affaires en 2023. Sa plateforme comptant « 400 000 lecteurs » et « quelques milliers d’abonnés payants », elle doit encore se développer pour combler ses bonnes fées qui y ont injecté 1,5 million d’euros. Il s’agit de Pascal Cagni (C4 Venture), Marc Menasé ou encore les « business angels » Kyan Khojandi (Bref), Léa Salamé et Laurent Delahousse. Ce dernier veut d’ailleurs créer quelque chose sur Jean d’Ormesson. La newsletter est aussi un refuge pour tous ceux qui ne veulent plus s’exposer sur les réseaux sociaux.