À l’occasion de la COP28, qui s'ouvre le 30 novembre à Dubaï, les télévisions se mobilisent pour alerter sur les effets du dérèglement climatique. Mais ce sont les événements météo extrêmes qui font l’actualité.

Signe de l’importance qu’il accorde à la COP28, qui s’ouvre jeudi 30 novembre à Dubaï, le groupe TF1 a organisé le 16 novembre une présentation de l’avancée de sa feuille de route sur le climat. Au menu, un panel Toluna montrant que les médias doivent sensibiliser davantage (78 %) sans être alarmistes et que les Français font confiance pour cela aux infos de TF1 (75 %), un comité d’experts élargi de 11 à 16 personnalités, une forte hausse annuelle de la couverture de l’environnement dans ses JT (+37 % avec 987 sujets, soit un sur dix), ou encore la présence sur scène d’une glaciologue…

Mais c’est ces jours-ci que TF1 déploie ses principaux efforts éditoriaux, avec une semaine anti-gaspi dans le 13 heures et une semaine spéciale pré-COP28 dans le 20 heures, incluant cinq reportages en réalité augmentée portés par Yani Khezzar pour illustrer les effets à attendre du changement climatique. Parmi eux, un focus sur la société industrielle depuis le XIXe siècle. « Des dystopies qui permettent de comprendre ce qui peut arriver », souligne Thierry Thuillier, directeur général de l’information, qui défend une stratégie d’accompagnement des Français non culpabilisatrice. TF1 consacre plus de 20 minutes d’antenne aux thématiques climatiques dans son JT cette semaine. Sous la signature « Notre planète », une chaîne live est accessible depuis MyTF1 et une newsletter hebdomadaire intègre TF1 Info.

D’autres groupes sont, bien sûr, mobilisés. France Télévisions a lancé en mars son Journal météo climat avec une expertise scientifique pour répondre aux questions des téléspectateurs, sur le dérèglement climatique. Le 18 novembre, la soirée événementielle de France 2 consacrée aux « super pouvoirs de l'océan », avec Hugo Clément et Léa Salamé, n'a rassemblé que 1,78 million de Français (8% de part d'audience), mais la régie a pu reverser 157.500 euros à France Nature Environnement. Franceinfo s'engage, parallèlement, à une journée spéciale ce 30 novembre avec des reportages sur la Norvège, pionnier de la captation du CO2 ou sur les paradoxes de la COP28.

M6 a fait appel à la rentrée à Mac Lesggy pour une « météo instructive » destinée à vulgariser les enjeux climatiques et à lutter contre les « contre-vérités » tandis que la rubrique « Planète responsable » assure depuis mai la couverture des questions environnementales, à raison d’un sujet par jour dans le 19:45 ou le 12:45. De son côté, France 24 couvre aussi la COP28 dans ses JT sous de multiples angles planétaires et consacre plusieurs numéros de son magazine Élément Terre à des thématiques comme l’énergie (RFI déployant parallèlement 4 numéros de son magazine C'est pas du vent et des directs à Dubaï).

Traitement insuffisant

Est-ce assez ? Non, répond « Plus de climat dans les médias » du collectif citoyen Climat Média qui déplore que l’impact des activités humaines ou les actions pour limiter le dérèglement climatique soient insuffisamment traités. Selon une étude Tagaday, ce sont les événements météo extrêmes comme les sécheresses, les épisodes caniculaires, les tempêtes ou les incendies qui sont le plus abondamment couverts, en particulier dans l’audiovisuel (1 contenu sur 16).

En dix ans, la médiatisation des enjeux climatiques est passée de 22 000 contenus par mois, tous médias confondus, à 150 000 par mois en 2023. Chose nouvelle, 21 % des contenus sur ces catastrophes sont associés au réchauffement contre 6 % en 2013. « La tempête Ciaran de fin octobre, c’est plus de 38 000 contenus quand la COP28 rassemble 13 107 contenus depuis le début de l’année et 4 497 depuis début novembre, observe Jean-Maurice Galicy, porte-parole de Tagaday (agence Dakota). Les COP ne génèrent pas un intérêt très fort. Les papiers sont souvent critiques, les doutes sur l’efficacité de ces grands rassemblements clairement exprimés. Sans compter des aspects symboliques comme la localisation de la COP28. »