À l’instar de France Médias Monde, les groupes médias s’intéressent à WhatsApp qui peut leur permettre de disposer d’un canal dédié pour animer des communautés.

À peine lancée, « La CAN avec RFI et France 24 » compte déjà 400 000 abonnés. Cette chaîne éphémère sur la Coupe d’Afrique des nations a réussi à trouver sa place en dix jours en profitant de l’engouement d’un continent pour cette compétition, comme de la notoriété des marques auxquelles elle est associée. France 24 est le média français comptant le plus de souscripteurs sur WhatsApp (3,1 millions), après un lancement début octobre 2023, quand la chaîne « Appels sur l’actualité » tirée de l’émission de Juan Gomez sur RFI en est déjà à 1,6 million et RFI en français à 1 million. « Cela permet d’animer une communauté, d’être dans la connivence et d’entretenir l’échange même si c’est lapidaire », constate Cécile Mégie, directrice des stratégies et des coopérations éditoriales transverses à France Médias Monde (FMM). En effet, Meta ne prévoit pas de voie de retour hormis des émojis et la possibilité de réagir à des sondages.

Circonscrire les fausses informations

Depuis octobre 2022, le géant limite à 1 024 personnes les groupes sur WhatsApp – 512 auparavant – afin de circonscrire les effets des rumeurs et des fausses informations sur des comptes tenus par des individus. Mais pour les médias, il permet depuis septembre d’ouvrir sans aucun plafond des canaux ou « channels ». Cela a permis à FMM d’aller plus loin, après une première présence de RFI en 2019 sur des groupes restreints. « Ce sont des carrefours d’audience extrêmement puissants en Afrique, beaucoup plus utilisés dans la vie quotidienne que sur les autres continents, et beaucoup plus dans les usages que X, ajoute Cécile Mégie. C’est aussi un réseau où circule une très grosse partie des infox, il est très important d’être sur ce vecteur pour y faire de l’info. »

Vincent Fleury, directeur des environnements numériques de FMM, constate aussi que WhatsApp est la seule plateforme qui permet d’atteindre des audiences « sans tri algorithmique ». « 100 % des contenus arrivent dans la poche et ne sont pas triés, d’où notre volonté de ne pas être invasif avec deux posts par jour ». C’est d’ailleurs sur ce modèle que le groupe est à l’origine du projet de chaîne WhatsApp « Vrai ou Faux » qui associera France Télévisions et Radio France. L’appétence est là comme le montre l’émission du même nom sur Franceinfo TV qui a réuni 1 million de téléspectateurs le 3 février. Jean-Philippe Baille, directeur de l’info de Radio France, attend que « les contenus de débunkage et de vérification puissent être accessibles sous la même bannière ».

Avantages du canal : une facilité d’administration avec un peu d’animation, des contenus déjà produits et une relation de proximité avec des réactions positives, donc sans souci de modération. « C’est un lien de confiance qui s’instaure », note Cécile Mégie. La chaîne de France 24 sur WhatsApp peut d’ailleurs y trouver sa première source de trafic social, devant Facebook. Cela peut notamment permettre de drainer du trafic sur des environnements monétisés. Pas étonnant que d’autres médias comme M6, TF1, Canal+, Brut, Jeune Afrique ou HugoDecrypte aient décidé d’investir WhatsApp pour présenter leurs programmes ou animer leur communauté. Ils doivent se contenter, pour l’heure, d’être suivis par quelques centaines de milliers d’abonnés. Mais les comptes progressent vite.