Spécialisé dans la lutte contre la désinformation, le journaliste Thomas Huchon s’est associé à l’agence Brainsonic pour répondre aux fake news sur les réseaux sociaux grâce à l’IA. Un article également disponible en version audio.

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Pas facile de trouver sa voie quand ses parents ont une vie publique bien remplie. Fils de Jean-Paul Huchon, ancien directeur de cabinet de Michel Rocard et président de la région Île-de-France de 1998 à 2015, et d’Odile Vadot, élue au conseil général des Yvelines de 1976 à 1990, Thomas Huchon est de ceux-là. « J’ai vécu une vie un peu bizarre », résume celui qui durant son enfance a vu défiler dans le salon familial une bonne partie de la gauche socialiste. « Je ne voulais pas avoir la même vie que mes parents », tranche le quadra volubile, qui se fait un point d’honneur d’être un père très présent pour ses deux jeunes enfants.

Son engagement, ce sera le journalisme : « Je pars du principe que pour que les citoyens fassent des choix éclairés, ils ont besoin d’une information de qualité. » Après deux ans d’alternance au magazine L’Expansion, il part s’installer au Chili en 2005. Correspondant pour plusieurs médias français, il entame en parallèle une longue enquête sur l’ancien président chilien Allende, renversé par Pinochet, avec le soutien de la CIA, de laquelle naîtront un livre et un documentaire. « De vrais complots ont fait l’histoire. Aujourd’hui, ce sont les faux complots qui pourraient la marquer », souligne le journaliste.

De retour à Paris, il décide de faire de la traque aux fausses informations sa marque de fabrique, à une époque où les grands médias ne sont pas encore présents sur le fact-checking. « Dès 2013-2014, on commence à voir l’extrême droite gagner la bataille numérique, avec des paroles radicales qui font des millions de vues sur YouTube. J’avais le sentiment que si on perdait la bataille culturelle, on risquait de perdre la bataille politique », se rappelle-t-il.

Doubles virtuels

Dans les médias, mais aussi dans les collèges, les lycées, à Sciences Po, et plus récemment dans les entreprises, le journaliste sensibilise au sujet de la désinformation. Au hasard d’une table ronde, il fait la connaissance de Mathieu Crucq, patron de l’agence Brainsonic. « J’en avais marre de vider la mer à la petite cuillère. De là est née l’idée de créer des doubles virtuels grâce à l’IA, qui nous permettent d’être dans la temporalité du mensonge », explique-t-il.

Concrètement, Thomas Huchon et un groupe d’étudiants à l’école de journalisme de Sciences Po déconstruisent les infox dans un article, qui est ensuite incarné par l’avatar de Thomas Huchon grâce au générateur de vidéo par IA HeyGen. Trois versions sont faites afin de pouvoir varier les plans dans la vidéo finale qui sera diffusée sur les réseaux sociaux.

« Je suis hyperpessimiste sur le sujet de la désinformation, et en même temps, je n’arrête pas de lancer des projets pour lutter contre. C’est bien que j’y vois encore une forme d’espoir », sourit le journaliste, qui prépare aussi pour juin un documentaire sur le complotisme.

Parcours

Septembre 1981. Naissance.

2005-2009. Correspondant au Chili et enquête sur l’ancien président chilien Salvador Allende.

2017. Documentaire Comment Trump a manipulé l’Amérique.

2021-2022. Coanime sur LCI l’émission Anti-complot.

Février 2024. Lancement d’AntiFakeNews AI, avec Brainsonic.