La parité s’impose peu à peu sur les antennes. Mais il reste encore du chemin à faire sur le temps de parole au féminin et la création par des réalisatrices.

Au premier rang, les PDG de France Télévisions, TF1, Canal+ France Médias Monde… Le 5 mars, à l’Arcom, les groupes audiovisuels étaient représentés en leur sommet pour le rapport sur « la représentation des femmes à l’antenne et son évolution depuis 2016 ».

L’occasion de constater de nets progrès, malgré quelques signaux d’alerte. Sur les plateaux, télés et radios confondues, la part des femmes a ainsi gagné cinq points en huit ans, passant de 38 % à 43 %. Et cette proportion atteint même 51 % s’agissant des présentatrices (+3 points), 41 % pour les journalistes (+4 points) comme pour les invitées (+7 points). Si les femmes continuent de représenter un tiers des politiques en plateau, les expertes sont passées de 30 % à 43 % depuis 2016, signe de la pertinence des annuaires ad hoc (malgré un recul de 2 points cette année). La présence des femmes en plateau s’est vérifiée davantage dans l’audiovisuel public (45 %), fort de ses présidentes, que dans le privé (41 %). À noter que sur 32 chaînes, seules L’Équipe, RMC et RMC Découverte comptent moins d’un quart de femmes en plateau. À l’inverse, TF1, France 2, M6, C8. 6Ter, W9, France 24, France Culture, NRJ12, Chérie FM et Paris Première ont dépassé les 50 %.

Temps de parole en baisse

Cela signifie-t-il que l’égalité est acquise ? Non, si l’on regarde l’équilibre des temps de parole : celui des femmes à l’antenne est en baisse de deux points en 2023, à 34 %. Et dès qu’on parle politique, elles n’occupent alors qu’un quart de la parole (26 %). Plus édifiant encore, les retransmissions de sport féminin sont commentées aux deux tiers (67 %) par des hommes. Il en va de même des conflits armés, préemptés par le masculin (galonné ou non). « On a encore beaucoup de pain sur la planche, a estimé Delphine Ernotte, PDG de France TV, mon intuition en tant que femme, c’est que sur un plateau comme en réunion, on craint de s’exprimer autrement que de façon très ramassée car on sait qu’on n’a pas le temps. »

L’idée est donc de favoriser les expertes sur les plateaux mais aussi de nourrir les imaginaires afin de légitimer la place des femmes dans des situations de prise de parole. Son groupe s’est montré très volontariste avec des quotas : il fait appel à 41 % de réalisatrices dans la fiction, soit près de 11 points de plus en huit ans, selon le CNC. « Sur 500 projets de Studio Canal, il n’y en avait que 50 de femmes, souligne Maxime Saada, président de Canal+, on a créé un fonds d’aide d’un million d’euros qu’on va doubler en 2025 ». Là aussi, il s’agit d’aller plus loin : « On va intégrer ce critère dans la rémunération variable des managers », prévient-il.

Les rédactions écrites se rééquilibrent

Selon la Commission de la carte des journalistes, la profession compte 49 % de femmes. Entre 2002 et 2022, dans les quotidiens nationaux, on est passé de 38 % à 46 % de femmes chez les journalistes et de 18 % à 38 % de femmes pour les rédactions en chef. Dans la PQR, l’évolution est respectivement de 30 % à 41 % et de 5 % à 26 % en vingt ans alors que dans la presse magazine, on est monté de 53 % à 59 % de femmes journalistes et de 38 % à 51 % de rédactrices en chef. Question égalité salariale, elle est encore de 3 % en faveur des hommes au Parisien (d’où une enveloppe spécifique) et de 1,74 % au Monde. « Mais c’était quatre fois plus il y a cinq ans », a rappelé Louis Dreyfus, son patron.