Daniel Kretinsky envisage de se séparer de l’hebdomadaire déficitaire Marianne qu’il juge trop éloigné de ses valeurs.

Entre Marianne et son propriétaire depuis 2018, Daniel Kretinsky, rien ne va plus. Selon une source proche du dossier, on ne peut pas démentir totalement l’info de La Lettre, parue le 15 avril, selon laquelle l’industriel tchèque cherche à vendre, même si on affirme qu’on n’en est pas là : « Aucune décision n’est prise et aucune banque d’affaires n’a été mandatée », affirme cette source à Stratégies. Ce que l’on reconnaît en revanche volontiers, c’est qu’une réflexion est engagée sur l’option d’une vente éventuelle en raison de l’évolution éditoriale de Marianne vers un « souverainisme de plus en plus radical ». Comprenez : un ancrage affirmé de l’hebdo sur une ligne critique du libre-échangisme européen, de la supertechnocratie bruxelloise, d’un « messianisme néo-conservateur » et d’un bellicisme pro-occidental. « Daniel Kretinsky soutient des journaux dans une logique de pluralisme, il s’interdit d’intervenir sur la rédaction mais il ne s’interdit pas de sortir d’un titre dont la ligne est trop loin de ses valeurs », souligne-t-on encore du côté de l’actionnaire.

Signaux d'alerte

Mi-mars, peu avant le lancement de la nouvelle formule de Marianne, sa directrice de la rédaction, Natacha Polony, louait encore l’homme d’affaires pro-européen « particulièrement respectueux » qui avait sauvé le titre du dépôt de bilan et qu’elle considérait « idéologiquement aux antipodes » d’elle-même : « Il a accepté d’avoir un journal qui ne va pas forcément dans le sens de ses intérêts », ajoutait-elle. Témoin, cette couverture en janvier sur Alexis Kohler, « l’homme qui, derrière Macron, a dépecé la France » alors même que Daniel Kretinsky se rendait l’année dernière dans son bureau pour discuter du dossier Atos.

L’actionnaire aurait-il été invité à préciser s’il cautionnait la ligne de Marianne ? Le fait est que les signaux d’alerte, en interne, sont plutôt venus de politiques. La nouvelle formule est, elle, vue comme un succès à CMI France : elle aurait permis déjà de gagner 8 000 ex. en kiosques et de faire repartir les abonnements. Après une perte de 3 millions d’euros pour 12 millions de chiffre d’affaires en 2023, selon l’éditeur, la nouvelle formule avec son prix abaissé de 4,40 euros à 3,50 euros, ressemble à un dernier pari pour le titre qui reste le plus petit des news avec 128 598 ex. l’an dernier selon l’ACPM (-1,3 %).

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