Présidentielle 2022

Face aux risques de désinformation et d'influences étrangères qui pourraient intervenir avant le premier tour de l'élection présidentielle française le 10 avril, Google et YouTube mettent en place plusieurs actions. Objectif : protéger et informer.

Alors que le premier tour de l'élection présidentielle en France approche, Google et YouTube mettent en place des actions pour lutter contre la désinformation et les tentatives de déstabilisation. Plusieurs éléments ont favorisé le lancement de ce projet. En 2017, une menace d’ingérence de la Russie planait sur la présidentielle française. Les équipes d’Emmanuel Macron avaient été visées par de nombreuses attaques informatiques provenant des frontières russes. De fausses informations avaient d’ailleurs été relayées par les médias soutenus par le Kremlin, en l'occurrence RT et Sputnik.

De plus, dans le contexte particulier de la crise sanitaire, cette élection va se dérouler principalement en ligne, d'où les risques supplémentaires encourrus. L’épidémie du covid et la numérisation de notre société poussent donc les deux plateformes à se mobiliser et à mettre rapidement en place des outils pour assurer la protection des élections et du scrutin. Entre collaboration avec l’AFP, ressources pour les journalistes et création de pages dédiées à la présidentielle, Google et YouTube passent à l'action face à la menace de la désinformation.

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Le moteur de recherche souhaite d'abord assurer la protection en ligne. Pour cela, le Threat Analysis Group (TAG), un rapport de transparence qui travaille avec l’Arcom (ex-CSA), publie tous les trimestres les chiffres liés à YouTube sur le nombre de contenus retirés et les raisons de ce retrait. De son côté, la plateforme de vidéo base sa responsabilité sur 4 piliers : la règle des 4R (retirer, réduire, relayer, rémunérer). Le site d’hébergement va, en premier lieu, retirer les contenus qui enfreignent le règlement de la communauté.

«Pour les élections américaines en 2016, des contenus pouvaient inciter à commettre des actes violents dans les bureaux de vote pour les faire fermer et donc empêcher le bon déroulement du scrutin. Autant de comportements qu’on n’avait évidemment pas anticipés et pour lesquels il faut créer des politiques rapidement. Cela demande une agilité qu'on n'avait jamais connue auparavant», explique Thibault Guiroy, responsable des relations institutionnelles chez Google.

Par la suite, les contenus qui se trouvent à la limite d’une infraction vont voir leur visibilité être réduite, la vidéo ne sera plus recommandée et sera accessible uniquement avec l’URL. A contrario, les sources fiables vont être relayées par YouTube. Puis, les créateurs qui produisent du contenu de qualité se verront être rémunérés et récompensés (comme HugoDécrypte).

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Pour lutter contre la diffusion de fausses informations, Google France et l’Agence France-Presse (AFP) avaient déjà annoncé le 6 décembre dernier la création du programme Objectif Désinfox. Cette coalition, initiée par l’AFP et soutenue par le moteur de recherche, regroupe, depuis le 8 février, 21 médias, dont 20 Minutes, BFMTV, Konbini et M6.

«Il y a un intérêt à procéder au fact-checking, il ne faut pas que ça appartienne simplement à une ligne éditoriale. La manière dont s’informent les gens aujourd’hui fait que si on n'effectue pas cette vérification et qu’elle n’est pas visible, on peut tous tomber dans le piège, même les journalistes, et être accusé de désinformation», reconnaît Pauline Talagrand, rédactrice en chef adjointe à l'investigation numérique à l'AFP et responsable du projet Objectif Désinfox.

Cette coalition permet de combattre la désinformation de différentes façons : mise à disposition d’outils numériques, visibilité du travail de vérification des médias partenaires, signalements venant du grand public… A ce jour, la coalition a été interpellée à 23 reprises par les citoyens, plus de 10 de ces interpellations ont déjà fait l’objet d’une vérification par les médias partenaires. Ce projet est ouvert à l’ensemble des rédactions françaises jusqu’en juin.

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En plus d’assurer la protection en ligne et de protéger le processus électoral, Google et YouTube souhaitent favoriser les interactions avec les équipes de campagne. «Pour contribuer à les équiper aux outils numériques leur permettant de travailler majoritairement en ligne, on a créé un site qui rassemble toutes les ressources utiles pour les responsables de campagne ainsi que pour les militants : savoir comment s’emparer des outils, que ce soit YouTube ou Google Trends, mener une campagne sur la plateforme de vidéo, aller à la rencontre des citoyens...», indique David Dieudonné, directeur de l’équipe News Lab en France. Parmi ces ressources, des tutoriels et des vidéos. Prochainement, les journalistes auront aussi accès à certains de ces outils pour leur permettre de suivre le débat de façon plus fine.

Google et YouTube cherchent également à informer les utilisateurs au sens large sur les modalités du scrutin. Le but est de transmettre les bonnes informations aux citoyens afin qu’ils sachent comment s’inscrire sur les listes électorales ou comment voter. «Pour cela, nous avons fait un partenariat avec le ministère de l'Intérieur pour s'assurer que la source soit la plus fiable possible et qu’immédiatement les utilisateurs possèdent les informations les plus précises avec les liens pour procéder aux démarches administratives», précise David Dieudonné. D’autres outils vont s’égrainer au fil de la campagne et notamment lors des grands débats. Au niveau des résultats de l'élection, la diffusion se fera sur YouTube ainsi que Google en partenariat avec un fournisseur de données.

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