Médias

Avant même la cérémonie de clôture, les deux entités médias ont fait jouer les cordes de tous leurs instruments pour accompagner la superproduction du Festival.

On pouvait craindre l’alliance de la carpe et du lapin. C’est en train de devenir un ticket gagnant au Festival de Cannes, qui se tient du 17 au 28 mai. Les deux partenaires médias exclusifs, France Télévisions et Brut, ont déjà réussi à prouver qu’ils étaient capables, à budget comparable en cette première année de remplacement de Canal +, de jouer à plein un rôle complémentaire. Au groupe public, le soin d’apporter une caisse de résonance en France grâce à ses programmes et à sa capacité de mobilisation. Au pure player, une exposition internationale enrichie par de nombreuses innovations.

Sur le petit écran, tout d’abord, France TV respecte le scénario écrit pour l’événement : encapsulage dans le 20 Heures de rendez-vous cannois à l’occasion des cérémonies, duplex sur Télématin ou C à vous, Grande librairie à Cannes, présence dans les JT, émission quotidienne sur Culturebox et diffusion de films primés aux anciennes éditions du Festival sur France.tv… « On met du Festival un peu partout sans forcer, c’est comme si on pêchait dans plein de bassins différents », souligne Manuel Alduy, directeur du cinéma, pour qui « France Télévisions amène une visibilité supérieure, comme jamais le Festival n’en a eu, l’offre gratuite permettant de tendre la main au public ». D’ores et déjà, avec 1,77 million de téléspectateurs, France 2 a fait avec la cérémonie d’ouverture – forte d’une intervention de Zelensky – quatre fois mieux que Canal, soit 12,2% entre 18h50 et 19h55. Au global, 5 millions de personnes ont regardé la soirée sur la chaîne.

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Alors que le CNC fait encore état d’un recul de 28% des entrées depuis un an, l’objectif est de remettre le septième art au centre des habitudes. Car la crise sanitaire a chamboulé la fréquentation des salles obscures au bénéfice des plateformes de streaming. « Le confinement et le covid ont eu un impact plus structurel qu’attendu sur le public, il faut redonner envie d’aller au cinéma », souligne Manuel Alduy qui rappelle que son groupe investit 60 millions d’euros dans les films français, sans garantie pour l’heure sur l’avenir de son financement (hors redevance).

Côté Brut, la cérémonie d’ouverture a enregistré 10,6 millions de vues à travers le monde, dont 5,2 millions en France. Guillaume Lacroix, son cofondateur, rappelle que 500 millions de personnes par mois regardent son média dans le monde, et près de 100% des 15-35 ans. En plus des formats iconiques sur tous les réseaux (TikTok, YouTube, Instagram, Facebook, Snapchat, Twitter), une interview de dix minutes est assurée tous les jours par Augustin Trapenard, de France Inter. Brut coproduit et partage avec France Télévisions un plateau. Dans un cas, une soixantaine de personnes sont mobilisées, dans l’autre 70 sont présents à Cannes à un moment du Festival (18 par jour en moyenne).

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Mais Brut se distingue surtout par ses initiatives innovantes. Un programme d’accélération à la production de contenus, « Cannes Creators Connection », permet ainsi à dix créateurs, en partenariat avec YouTube, d’approcher le milieu des professionnels du cinéma (réalisateurs, agents, techniciens…). Et l'application Brut.Live offre à la communauté d’interagir avec les talents et les journalistes, ou même de s’immerger dans l’événement. Une plateforme créée par l’artiste Pplpleasr, alias Emily Yang, a sorti une collection de 75 NFT au profit d’une initiative d’inclusion (« Annenberg ») dans le monde du cinéma. L’idée est de donner à des profils pauvres ou discriminés des bourses pour réaliser des projets autour du cinéma ou de la vidéo. Depuis, le 2 mai, plus de 250 000 dollars ont ainsi été récoltés grâce à la vente de ces NFT.

« Nous avons voulu explorer de nouvelles technologies, explique Guillaume Lacroix. Le Festival de Cannes a une ligne très engagée et sociale qui résonne à travers le monde et correspond à nos valeurs. » Brut a également signé avec l’éditeur de jeux vidéos Epic Games un partenariat pour intégrer Fortnite, via un métavers reproduisant, avec Vysena Studios, une carte créative de l’environnement du Palais des Festivals ou de la Croisette. Brut se veut ainsi « aux points de contact des nouvelles générations », comme dit Guillaume Lacroix. À la clé, une mission touchant au climat ou visant à produire une vidéo à la Brut, à passer un casting ou à retrouver les pages d’un scénario perdu. Pour cela, le jeu offre des accès à des avatars de journalistes, acteurs ou réalisateurs… Bref, encore et toujours au rêve.

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