Chronique

Coronavirus. Comme nous tous ces derniers jours, face à une connaissance qu’on hésite à embrasser ou simplement serrer de la main, je commence cette chronique partagé : en parler ou pas ? À quel titre surtout qu’on ne parle plus que de ça ? Se changer les idées plutôt ? Au contraire, en prendre la mesure ?
Bref, je ne peux pas faire l’impasse mais je dois partager cette ambivalence pour commencer, en toute transparence. D’ailleurs, j’ai déjà eu l’occasion d’être interpellé sur cette ambiguïté. Chez Fabernovel, concernés très tôt par les règles de confinement pour empêcher la propagation du virus en Chine – je l’évoquais dans ma chronique du mois dernier –, dès les premiers cas en Italie du Nord, nous anticipions la suite des événements et le lundi 24 février matin, nous communiquions en interne et en externe sur les mesures engagées. Certains collègues s’exprimaient mezzo voce pour nous prévenir de toute sur-réaction ou, pire, du cynisme qu’on pourrait nous prêter à « profiter de la crise ». Pas simple.
Pourtant, ici et ailleurs, nous chantions sur tous les tons que le monde changeait, qu’il fallait se préparer : le numérique et ses usages en seraient autant l’accélérateur que la solution. Mais rien ne nous préparait à la soudaineté et l’ampleur de cette crise.

 

Cygnes noirs

Nassim Nicholas Taleb, financier défroqué et intellectuel controversé, l’avait prédit avec deux best-sellers. Théoricien du « hasard sauvage », sa thèse est que nous sous-estimons toujours la probabilité d’apparition d’événements à fort impact. Ce sont les black swans, les cygnes noirs, « des événements imprévisibles qui ont une faible probabilité de se dérouler et qui, s'ils se réalisent, ont des conséquences d'une portée considérable et exceptionnelle ». La seule façon d’en guérir, ce qu’il révèle en distinguant les perdants et les gagnants : l’antifragilité. Qui n’est pas la résilience, cette capacité à « retrouver sa forme initiale », ni l’adaptabilité, la qualité d’un système à résister à l’inconnu. Non, être antifragile c’est être capable, a priori, de devenir meilleur dans l’adversité la plus imprévisible.

Parce qu’au moment où le monde retient son souffle pour ne pas tousser, où des dizaines de millions de personnes sont assignées à résidence en Chine et en Italie, où Les Echos chroniquent que « le coronavirus tuera plus de PME que d’êtres humains », pour commencer, que faire d’autre que se laver les mains régulièrement et méditer ce concept d’antifragilité ?
Revenir aux promesses d’Internet aussi. S’informer sur Wikipedia et profiter des milliers d’articles de presse, des posts de chercheurs, d’épidémiologues du monde entier, de statisticiens professionnels ou amateurs, en libre accès, qui nous permettent de trouver ce schéma tweeté par Carl T.Bergstrom, de le comprendre et de l’appliquer.

 

Netflix en pleine forme

Utiliser les meilleurs outils de télécommunications en assumant le vieux terme honni de NTIC, car oui, ces technologies de l’information et de la communication restent bien plus nouvelles que ce qu’on a bien voulu en dire récemment. Zoom, la solution la plus moderne de téléconférence, récemment cotée en bourse, a annoncé avoir recruté plus de nouveaux utilisateurs sur les deux premiers mois de l’année 2020 que durant tout 2019.

La semaine dernière, un dirigeant de banque m’expliquait sa surprise et sa satisfaction à tenir un séminaire interne en ligne. C’était efficace, approprié. À l’avenir, ses conférences seront certainement organisées différemment. De même, la patronne d’une grande agence de publicité me disait que dans les grandes compétitions en cours, ses soutenances étaient maintenues en visioconférence, sans véritable handicap, mais qu’elles supposaient de les préparer autrement.
Et n’oublions pas de nous divertir. Là encore, Internet est un allié précieux. En plein krach boursier, une des rares actions à s’envoler a été celle de Netflix. Et même plus deux semaines à attendre, soit moins qu’une quatorzaine ou la durée d’incubation du virus, avant le lancement de Disney+ en France. L’occasion d’éternuer avec Dumbo, pratiquer la médecine avec Homer Simpson, combattre le virus avec les super-héros Marvel, apprendre l’antifragilité avec Maître Yoda. Pour ceux qui souhaitent se souvenir avec le commissaire Maigret et l’inspecteur Janvier, d’une époque où on enquêtait main dans la main et sans solution hydroalcoolique, comment Fantomas et Belphégor portaient le masque ou se demandent ce que feraient les Shadoks à notre place, c’est l’INA qui lance ces jours-ci avec Madelen, son service de SVOD.
Bref, prenons notre mal en patience, avec Internet, nous ne serons jamais seuls à l’isolement.

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