Ainsi donc Jeffrey Bezos, nouveau propriétaire du Washington Post, a-t-il livré le fond de sa pensée, et au passage clarifié son projet, lorsqu'il a déclaré, mercredi 25 septembre à la télévision américaine: «Un jour, je ne sais pas dans combien d'années, ça pourrait être des décennies, les journaux imprimés sur du vrai papier pourraient être un produit de luxe»; «Vous savez, les gens ont toujours des chevaux mais ce n'est pas leur moyen de transport principal pour aller au bureau.»

On ne fera pas le plaisir à celui que Forbes surnomme «le perturbateur en chef» du Washington Post de s'en offusquer. Nombre de spécialistes - et de journalistes - partagent cette analyse, sans forcément oser (se) l'avouer. Et, en vérité, cela ne date pas d'hier. La révolution industrielle et technologique que décrit l'analogie avec nos amis les chevaux est en cours depuis de très nombreuses années et la filière presse en gère les conséquences, en amont et en aval, le mieux possible. La conception, la production, la distribution et le financement de la presse sont concernés.

Le destin des chevaux comme moyen de transport n'est pas la seule comparaison qu'on inflige à la presse. D'aucuns font aussi le parallèle avec la sidérurgie des années Mitterrand et suivantes en France. La messe serait dite? La provocation bonhomme du fondateur d'Amazon n'est certes pas sans mérite, mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Depuis plusieurs mois, l'étude One, qui mesure l'audience de la presse, montre que l'inexorable montée en puissance des lectures sur supports numériques s'accompagne d'une... augmentation de la lecture sur le papier. Magique? Non, écosystémique!

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