64% des Français sont déçus par la moralisation de la politique

La litanie des affaires politiques reprend son cours. Faisant suite à un longue liste de scandales (Carrignon en 1995, Noir en 1996, URBA en 1997, emplois fictifs à la mairie de Paris 1999-2011, Woerth en 2010, Guérini en 2011...), celles impliquant Jérôme Cahuzac et Nicolas Sarkozy - le premier après l'ouverture mardi 19 mars d'une information judiciaire contre X pour blanchiment de fraude fiscale, le second placé sous statut de témoin assisté le jeudi 21 mars pour «abus de faiblesse» dans le cadre de l'affaire Bettencourt, vont-elles à nouveau alimenter le discours «tous pourris"?

 

A première vue, on peut en douter au regard des sondages publiés ces derniers jours. Selon une enquête BVA-Itélé, si les Français sont convaincus que le ministre du Budget devait démissionner (85%), ils sont 57% à considérer «cette affaire comme un cas individuel qui ne détériore pas l'image qu'ils ont du gouvernement», analyse l'institut. Un autre sondage daté du 20 mars (Tilder-LCI-Opinionway) annonçait déjà que le départ du gouvernement de Jérôme Cahuzac n'entame pas la crédibilité économique et budgétaire de la France (59%).

 

Nicolas Sarkozy s'en sort encore mieux. Une étude de BVA-Le Parisien publiée le 24 mars révèle que 63% des Français sont convaincus que la mise en examen de Nicolas Sarkozy n'aura pas d'impact sur son avenir politique. Les chiffres de LH2-Le Nouvel Obs publiés le 25 mars confirment que cette affaire ne semble pas pour l'instant hypothéquer ses chances aux yeux des Français (60%).

 

« Mais cette étude a été menée aux prémices de l'affaire. Or, le temps judiciaire est long et le procès - s'il a lieu - ne se tiendra pas avant 2014. L'opinion peut donc évoluer au gré de la procédure, sachant par ailleurs que de nombreuses autres affaires impliquent l'ancien Président », note Adelaïde Zulfikarpasic, directrice du département Opinion institutionnelle chez LH2 qui rappelle également que 55% des Français déclarent faire confiance à la justice pour mener cette instruction de façon neutre.

 

Une position qui vaut également pour Jérôme Cahuzac. Au moment du déclenchement de l'affaire il y a trois mois, juste après les révélations de Mediapart, BVA rappelle que 58% des Français souhaitaient que Cahuzac ne démissionne pas. «Ils sont en adéquation avec la jurisprudence politique de ces dernières années en matière d'affaires consistant à respecter la présomption d'innocence et donc à maintenir à son poste un ministre suspecté d'illégalités, mais à le “démissionner” dès lors qu'il entre dans la phase judiciaire», commente BVA.

 

Cet avis mesuré des Français ne doit pas éluder la question du déficit de confiance des représentants politiques. Un sondage Harris Interactive-LCP-AN diffusé le 20 mars fait apparaître que 72% des Français déclarent ne pas leur faire confiance et une enquête LH2-Le Nouvel Obs du 27 mars indique que 64% sont déçus par la moralisation de la politique. Devant une telle défiance, les seuls coups de com par Facebook interposé suffiront-ils à redresser la barre?

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