Pour juger d’un interêt particulier envers un objet, un bâtiment ou une situation, le directeur de création de l’agence design Idoine, Jean-Luc Collot, marche à l’émotion.
La Sagrada Familia
« Je cite ce bâtiment comme inspiration, autant pour son intérieur que son extérieur. La nef de cette église est une architecture organique où se mêlent outrance et sensibilité, ce qui crée de l’émotion. C’est d’ailleurs le seul bâtiment qui m’ait réellement ému. Son intérieur est bourré de détails avec des fausses symétries, des jeux de couleurs grâce aux vitraux qui diffusent des lumières chaudes et froides. J’ai visité cette église assez tard, c’était en 2019. Avant ça, je l’avais vu plusieurs fois de l’extérieur, il y avait toujours du monde pour la visiter. Une fois qu’on est à l’intérieur, on pourrait y rester des heures. »
Alicante
« J’adore cette ville notamment pour son climat, la mer et son côté latin. J’y vais souvent, au moins deux fois par an. La ville est dynamique de par son théâtre, son musée… mais aussi pour ses restaurants et ses bars. On est tout le temps dehors. Ce n’est pas un hasard si l’Espagne est monté en gamme niveau gastronomique. Toute une génération de cuisiniers s’y est développée. Elle renferme tous les aspects sympas grâce à des loisirs simples, tout ce qui est lié à la Méditerranée et à la joie de vivre. D’ailleurs, mes meilleurs souvenirs sont les vendredis soirs d’été où des gens viennent danser le tango en plein air. »
Modigliani
« Amedeo Modigliani, ou Modigliani, était un peintre au destin sulfureux. Abîmé par l’alcool et la drogue, il exprime a contrario un dessin sensible, emprunt d’empathie que l’on retrouve dans ses portraits. Il y a un sacré décalage entre sa réputation ravagée et son travail. Son alcoolisme devait être une conséquence de son ultra-sensibilité. La jeune femme à la cravate, la jeune fille portant une rose, le portrait de Jane Souteen, je pourrais passer des heures à observer ces tableaux. J’adore 80 % de sa collection. Les personnages me parlent beaucoup. »
Le masque Fang
« C’est un masque africain tout droit venu du nord du Gabon. Il est assez grand, mesure environ 50 cm, fait de bois. Son traitement est assez fin. Par certains aspects, le travail de ces masques ressemble à celui de Modigliani. De même, il y existe un décalage entre son apparence et sa fonction : ce masque était porté par les guerriers. Je l’ai trouvé par hasard dans un salon Maisons et Objets, au détour d’un stand. Il n’était pas à vendre mais j’ai tellement flashé dessus que je suis retourné à la fin du salon pour le racheter à son propriétaire. Un vrai coup de foudre. »