Technologie

Les technologies immersives ont fait naître un nouveau type d’artistes. À l’occasion de la conférence Adobe Max, qui s’est déroulée mi-octobre à Los Angeles, nous avons rencontré Estella Tse, directrice de création VR/AR.

De loin, on pourrait croire à une chorégraphie de danse contemporaine. Équipée d’un casque de réalité virtuelle sur la tête et de deux manettes, Estella Tse fait ses premiers pas sur la dernière innovation lancée par Adobe à destination des artistes, Substance 3D Modeler, un outil qui permet de créer des contenus 3D comme si l’on travaillait de l’argile digitale. Invitée d’Adobe Max, la conférence annuelle sur la créativité que le groupe américain a organisée les 18 et 19 octobre à Los Angeles, la jeune femme de 37 ans se définit comme une directrice de création VR/AR.

Après des débuts dans le monde de l’illustration, elle bascule dans celui de la réalité virtuelle en 2016, au moment du lancement du casque Oculus. «Ce qui m’a plu, c’était de ne plus avoir comme limite les bords de la feuille. Avec la réalité virtuelle, le champ des possibles est beaucoup plus vaste. J’aime l’idée de pouvoir imaginer et construire moi-même un monde à part entière», explique celle qui vit à Portland, dans l’Oregon.

Freelance, elle travaille régulièrement avec le monde artistique pour imaginer des expériences immersives autour d’expositions ou d’œuvres d’art. Elle a par exemple adapté en réalité virtuelle le célèbre tableau de Rembrandt La Ronde de nuit, une expérience qui a été présentée au CES 2019 sur le Holland Tech Square. Parmi ses autres réalisations, des courts métrages en VR pour Cartoon Network et une adaptation du fameux Baiser de Gustav Klimt.

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«C’est comme de jouer pour la première fois avec de la glaise. Il faut comprendre ce que cela va changer dans la manière de raconter des histoires», s’amuse-t-elle dans les allées d’Adobe Max après plusieurs heures d’expérimentation. De par son métier, elle aime tester de nouveaux outils ; des plateformes comme Dall-E et Midjourney ne lui ont bien évidemment pas échappé. «L’intelligence artificielle peut aider les artistes à s’inspirer», estime-t-elle.

À titre personnel, elle ne se sent nullement menacée par ce type de technologie. «Certains artistes avaient déjà peur au moment du lancement de Photoshop et ce logiciel ne les a pas remplacés. L’intelligence artificielle n’arrive de toute façon pas au niveau de la créativité humaine», se rassure-t-elle.

Le prochain territoire qu’elle aimerait explorer ? La nature et surtout la manière dont la technologie peut aider à la préserver. «Je veux davantage amener la nature à la technologie et la technologie à la nature. On aurait à gagner à davantage s’inspirer de la nature. Ma démarche n’est pas politique mais pratique», s’enthousiasme la jeune femme, impatiente de retourner tester son nouveau jouet pour imaginer de nouveaux mondes virtuels. Plus proches de la nature peut-être.

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